LE VENDEE GLOBE

09/11/2012 07:08

Savéol - DaviesVirbac Paprec 3 - DickGroupe Bel - de Pavant

Initiatives-coeur - De Lamotte

Le parcours

Le tour du monde par les trois caps
Le parcours du Vendée Globe témoigne de la pureté et souvent de la simplicité conceptuelle des grands événement. Réaliser le tour du monde à la voile, d’Ouest en Est, par les trois grands caps de Bonne Espérance, Leeuwin et Horn. Une longue descente de l’océan Atlantique, la traversée périlleuse des mers du sud avec d’abord l’Ocean Indien et ses mers croisées puis l’océan Pacifique, le plus grand océan du monde. Enfin la remontée de l’Atlantique et le retour vers Les Sables d’Olonne, point de départ et d’arrivée de l’Everest des mers. Analyse des partiels du tour de la planète mer...

Les pièges du Golfe de Gascogne
Gare aux tempêtes de Sud-Ouest entre les Sables d’Olonne et le Cap Finisterre ! Le Golfe de Gascogne a la réputation d’un dur à cuire. Entre la remontée de fonds du plateau continental et les renforcements du vent aux abords des monts cantabriques, l’entrée dans l’Atlantique peut se révéler particulièrement cruelle pour les marins et leurs bateaux. En revanche, que s’établisse un courant de Nord et c’est la descente express vers la pointe Ouest de l’Espagne, puis Madère et Les Canaries. Il faut ensuite tenter d’accrocher au plus vite les alizés, négocier le passage des îles du Cap Vert pour se positionner avant la traversée du Pot au Noir. Si la vitesse est privilégiée, la navigation autorise parfois quelques petits coups tactiques qui peuvent se traduire par le gain ou la perte d’une centaine de milles en quelques heures.

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Du Pot au Noir à Sainte-Hélène, place à la stratégie
Aux limites sud de l’hémisphère Nord, la zone de convergence intertropicale plus connue sous le nom de Pot au Noir est le cauchemar des navigateurs : vents erratiques, orages violents, pluies parfois diluviennes, la traversée du Pot au Noir s’apparente souvent au tirage de la loterie. Autant dire que les marins du Vendée Globe gambergent fort avant de l’aborder : étude des fichiers météo, analyse des zones les plus resserrées. Passé l’Equateur, le casse-tête est loin d’être fini puisqu’il faut contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène avant de bifurquer vers l’est et rejoindre les vents portants qui emmèneront ensuite les coureurs vers l’Océan Indien. L’île de Sainte-Hélène est située au milieu du Golfe de Guinée, mais l’anticyclone qui porte son nom peut générer des vents faibles jusqu’au large des côtes du Brésil et de l’Argentine.

Océan Indien, le pays de l’ombre
C’est ainsi que Titouan Lamazou, vainqueur du premier Vendée Globe, avait surnommé cette vaste étendue entre le Cap de Bonne Espérance et la Tasmanie, au Sud-est de l’Australie. La traversée de l’Indien plonge d’emblée les navigateurs solitaires dans un autre monde. Lumières basses, mer cassante, vents violents, atmosphère humide et froide, en quelques jours les marins du Vendée Globe plongent en solitude… Devant leur étrave, plusieurs milliers de milles pendant lesquels ils devront trouver le bon compromis entre la route la plus courte, donc la plus au sud et ne pas descendre au-delà de la limite des glaces. La transition est brutale, elle pèse sur le moral des hommes. Là encore, tout est question de dosage : savoir aller au plus vite sans trop tirer sur le matériel. Et surtout savoir durer…

Océan Pacifique, vers la délivrance
Jusqu’au Horn, il faut encore compter sur 20 jours de mer en moyenne. Insensiblement l’ambiance change. Les marins le disent : la houle devient plus stable, s’allonge, la mer est mieux « rangée ». Passé l’antiméridien, c’est le retour à la maison qui commence. Mais la descente vers le Horn est truffée de chausse-trappes. Premier d’entre eux, la présence d’icebergs jusqu’à des latitudes relativement Nord. Et une veille stressante pour les navigateurs qui s’ils peuvent détecter au radar les gros icebergs tabulaires, n’ont aucun moyen de repérer les growlers petits blocs de glaces à la dérive qui, s’il dépassent parfois de moins d’un mètre de la surface de l’eau peuvent encore peser plusieurs dizaines de tonnes. Le risque de collision est permanent et les heures passées sur le pont à tenter de détecter le danger ajoutent encore à la fatigue accumulée. Le passage du Cap Horn sonne l’heure de la délivrance.

Atlantique sud, la terrible remontée
Ne l’oublions pas, une grande part des abandons du Vendée Globe survient souvent en Atlantique Sud. Les bateaux sont éprouvés, la vigilance qui fut de mise pendant plusieurs semaines commence à s’estomper. D’autant que l’Atlantique sud peut aussi réserver quelques coups de pieds de l’âne à ceux qui s’imagineraient sortis d’affaire. Les pamperos, ces coups de vents qui sévissent au large des côtes argentines peuvent être d’une violence inouïe. La navigation est souvent complexe et les allures de près dominantes contribuent encore à fragiliser hommes et machines. Et il reste encore la traversée du Pot au Noir, même si dans l’Ouest, il est statistiquement plus étroit !

Atlantique Nord, la voie royale
Petit à petit, les solitaires du Vendée Globe retournent vers le froid. Les polaires sont de nouveau de sortie et l’on commence à compter les milles qui séparent de l’arrivée. Reste à négocier l’atterrissage sur les Sables d’Olonne. Bien souvent, il faut aller chercher les vents d’Ouest qui permettront de revenir en route directe sur le port vendéen. Petit à petit, les premiers signes de civilisation apparaissent : le croisement d’un cargo, quelques chalutiers en pêche sur la limite du plateau continental. Puis il sera temps d’apercevoir les feux de la côte, de se laisser porter jusqu’à la ligne, puis d’embouquer le chenal des Sables d’Olonne…

 

2008-2009 : Le Vendée Globe de tous les records

« Le Vendée » numéro six aura porté toutes les ressources de l'âme humaine au paroxysme - le rêve, l'émotion, le courage, l'abnégation, la ténacité – au cours d'une épreuve aux dimensions d'épopée. Cette édition 2008-2009 aura été marquée par les sauvetages spectaculaires de Jean Le Cam au Cap Horn et de Yann Eliès en plein cœur de l'océan Indien. Au chapitre de l'exploit, c'est Michel Desjoyeaux qui, au terme d'une course haletante et contraint à un deuxième départ, remporte son deuxième Vendée Globe, battant au passage le record de l'épreuve après 84 jours de mer.

Beaucoup l’annonçaient avant le départ : cette édition du Vendée Globe sera exceptionnelle. Trente skippers dont treize étrangers et beaucoup de grands noms de la course au large sont en effet présents. Parmi eux, deux anciens vainqueurs : Vincent Riou et Michel Desjoyeaux. Jamais une course océanique en solitaire n’avait réuni un tel plateau. Dès les premières heures, l’épreuve tient toutes ses promesses et les navigateurs engagés entrent dans le vif du sujet car le mauvais temps sévit dans le Golfe de Gascogne. La flotte souffre et les avaries se multiplient : Alex Thomson, Kito de Pavant et Yannick Bestaven sont contraints à l’abandon dès le deuxième jour de course. Marc Thiercelin démâte le lendemain. Un début de Vendée Globe sélectif, donc. D’autant que cinq autres marins retournent à la case départ pour effectuer des réparations. Parmi eux, Michel Desjoyeaux, qui reprend la mer avec un handicap de 41 heures. Son incroyable remontée débute alors ...

Loïck Peyron confirme quant à lui son statut de favori en coupant l’Equateur en tête. Derrière lui et dans cette zone redoutée qu'est le Pot au Noir, Sébastien Josse, Jean-Pierre Dick, Armel Le Cléac’h, Vincent Riou et Yann Eliès occupent les premières places. Le groupe de tête aborde alors l’Atlantique Sud, où l’anticyclone de Sainte-Hélène redistribue quelque peu les cartes. Seb Josse prend la tête, mais les écarts sont faibles et les leaders naviguent à vue à l’entrée des Quarantièmes Rugissants. Les marins et leurs montures ne connaissant aucun répit. Vents forts, mer cassante : dans le Grand Sud, les conditions sont une nouvelle fois difficiles. Peyron et Josse creusent légèrement l’écart et tce dernier vire en tête dans l’Océan Indien. Michel Desjoyeaux est alors sixième, revenu déjà à seulement 100 milles du leader.

Le mois de décembre est terrible. Les solitaires encore en course font face à des conditions dantesques dans l’océan Indien. Les abandons se succèdent : Loïck Peyron et Mike Golding démâtent, Bernard Stamm échoue son bateau sur le récif des Kerguelen, Dominique Wavre est victime d’un problème de quille... Le 18 décembre, la course vire au drame : Yann Eliès, alors aux avant-postes, se brise le fémur, à 800 milles au Sud de l’Australie. Marc Guillemot se déroute en attendant que des sauveteurs australiens ne viennent évacuer le skipper de Generali, après 48 heures de souffrance. Le marin est sauvé, mais son bateau est perdu. L’épisode suscite une vive émotion et un déferlement médiatique inédit. Dans le même temps, Michel Desjoyeaux prend les commandes de la course, qu’il ne quittera plus jusqu’à l’arrivée. Dans un Pacifique qui ne l’est pas vraiment, il garde la tête tandis que Seb Josse doit lui aussi jeter l’éponge, son BT ayant été balayé par une déferlante. 16 skippers sont encore en course et seuls Roland Jourdain et Jean Le Cam s’accrochent au leader. Le 31 décembre, Jean-Pierre Dick percute un growler (morceau de glace immergé détache d'un Iceberg) et abandonne à son tour. Après 56 jours en mer, Desjoyeaux passe le Cap Horn, suivi par Roland Jourdain quelques heures plus tard. Le duel entre les deux hommes bat son plein alors qu’intervient un énième rebondissement : Jean Le Cam, troisième, chavire à 200 milles du Horn. Vincent Riou arrive sur zone et retrouve la coque de VM Matériaux retournée. Il parvient à secourir Jean mais endommage son bateau. Et malgré une réparation de fortune, il démâte la nuit suivante. Riou sera finalement reclassé 3e ex-æquo.

Les leaders entament alors leur remontée vers les Sables-d’Olonne mais l’anticyclone de Sainte-Hélène barre de nouveau la route. Desjoyeaux tient bon et résiste aux assauts de Roland Jourdain, qui heurte une baleine mais continue la course. Au 81e jour de course, nouveau coup de théâtre : Jourdain perd le bulbe de la quille de son bateau et doit renoncer à poursuivre sa route. Michel Desjoyeaux file alors vers la victoire et franchit la ligne après 84 jours, 03 heures, 09 minutes et 08 secondes de course. Il a parcouru 28 303 milles à une vitesse moyenne de 14 nœuds. Le record de Vincent Riou est battu de plus de trois jours.

Armel Le Cléac’h, régulier aux avant-postes, termine à une belle deuxième place. Marc Guillemot complète le podium. L’Autrichien Norbert Sedlacek ferme la marche après 126 jours de courses. Sur les 30 skippers au départ, il n’y aura que onze rescapés, dont les deux femmes en lice, Samantha Davies et Dee Caffari. Pendant plus de quatre mois haletants, des foules enthousiastes se seront pressées, même en pleine nuit, le long des côtes vendéennes, pour attendre le retour du premier au dernier, inscrivant à jamais des images belles et émouvantes dans les mémoires et dans les cœurs. Sur les cinq continents, ce sont des centaines de millions d’internautes, de téléspectateurs, d’auditeurs et de lecteurs qui auront vibré à l’unisson des exploits, heurts et malheurs de nos « conquérants de l’impossible » Jamais le Vendée Globe n’aura autant mérité son surnom d’« Everest des mers ».

Le classement de l'édition 2008-2009

  • 1Michel Desjoyeaux (Fra, Foncia), 84 j 03h 09’
  • 2Armel Le Cléac’h (Fra, Brit Air), 89j, 09h 35’
  • 3Marc Guillemot (Fra, Safran), 95j 03h 19’
  • Vincent Riou (Fra, PRB), réparation donnée
  • 4Samantha Davies (GB, Roxy), 95j 04h 39’
  • 5Brian Thompson (GB, Bahrain Team Pindar), 98j 20h 29’
  • 6Dee Caffari (GB, Aviva), 99j 01h 10’
  • 7Arnaud Boissières (Fra, Akena Vérandas), 105j 02h 33’
  • 8Steve White (GB, Toe in the Water), 109j 00h 36’
  • 9Rich Wilson (USA, Great American III), 121j 00h 41’
  • 10Raphael Dinelli (Fra, Fondation Océan Vital), 125j 02h 32’
  • 11Norbert Sedlacek (Aut, Nauticsport-Kapsch), 126j 05h 31’

Les abandons

  • Roland Jourdain (Fra, Veolia environnement), perte du bulbe de la quille
  • Jean Le Cam (Fra, VM Matériaux), chavirage
  • Jonny Malbon (GB, Artemis), problème de grand-voile
  • Jean-Pierre Dick (Fra, Paprec-Virbac 2), choc avec un growler
  • Derek Hatfield (Can, Algimouss Spirit of Canada), chavirage
  • Sébastien Josse (Fra, BT), bateau endommagé à cause d’une déferlante
  • Yann Eliès (Fra, Generali), accident corporel
  • Mike Golding (GB, Ecover), démâtage
  • Jean-Baptiste Dejeanty (Fra, Maisonneuve), avaries multiples
  • Loïck Peyron (Fra, Gitana Eighty), démâtage
  • Bernard Stamm (Sui, Cheminées Poujoulat), bateau échoué aux Kerguelen
  • Dominique Wavre (Sui, Temenos II), problèmes de quille
  • Unai Basurko (Esp, Pakea Bizkaia), problèmes de safran
  • Jérémie Beyou (Fra, Delta Dore), problèmes de mât
  • Alex Thomson (GB, Hugo Boss), avaries multiples
  • Yannick Bestaven (Fra, Aquarelle.com), démâtage
  • Marc Thiercelin (Fra, DCNS), démâtage
  • Kito de Pavant (Fra, Groupe Bel), démâtage