RECETTES DU NORD EST

20/02/2012 18:37

 

Choucroute alsacienne
 
 
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Autres noms : Choucroute à l'alsacienne - Choucroute au Riesling - Choucroute à l'ancienne - Choucroute traditionnelle - Sürkrüt - Sûrkrût - Sauerkraut :
Une fine julienne de choux blancs "Quintal d'Alsace" fermentée en saumure puis lavée, cuisinée à la graisse et au Riesling, parfumée au genièvre, enfin garnie de viandes, volailles ou poissons (généralement d'une montagne de charcuteries d'Alsace) et accompagnée de pommes de terre.
  Emblème de la gastronomie alsacienne - (la récolte ayant lieu à partir de mi-juillet jusqu'à novembre et la saumure devant durer au moins 8 semaines, la meilleure saison pour la choucroute crue fraîche en saumure va de mi-septembre à février (ce qui tombe bien car correspond à la saison froide) - après il s'agit de choucroute crue longuement saumurée dont l'acidité augmente, qu'elle soit vendue crue ou cuite ou cuisinée). La qualité d'un bon chou se reconnait à sa blancheur.
 

Histoire
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Le choux fermenté en saumure semble avoir été inventé par les chinois et semble avoir été introduit en Europe, à partir de variétés de Chine, par nos envahisseurs, les Mongols et les Tartares qui, se heurtant à laGrande muraille de Chine, repartirent conquérir des terres dans l'autre sens, vers l'Europe centrale (Autriche) puis de l'ouest (Bavière et enfin Alsace où on consommait déjà des navets fermentés). Certains auteurs penchent plutôt vers un apport par les grands voyageurs comme les Vénitiens dont Marco Polo. Le choux, déjà fermenté à l'époque, aurait permis la survie des ouvriers assurant la construction de la Grande muraille de Chine. Ils l'auraient découvert dans des conditions fortuites (comme bien des découvertes) : lors d'un hiver particulièrement rude, les ouvriers chinois durent redescendre dans les plaines en abandonnant leur chantier et ses réserves alimentaires (dont du choux) - la neige recouvrant les choux, ceux-ci se trouvèrent à l'abri de l'air et fermentèrent ce que les ouvriers découvrirent à leur retour - le goût avait changé mais le produit était consommable - le choux aigre était découvert.   Des textes font référence à ce choux sûr dès le XVIème sc en Alsace où il était à la table des monastères. Au XVIIème sc il apparaît sous le nom de Gumboskrut. Au XVIIIème sc il se généralise en Alsace et en Lorraine. Ce n'est qu'au XIXème sc que les charcuteries font leur apparition et encore commence t'on par de simples tranches de lard.

Initialement, le choux aigre est un plat ordinaire du petit déjeuner (ou du midi avec sa tranche de lard). Il est souvent accompagné de poisson (harengs les jours de jeûne ou carpe ou escargots).

 

A propos
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En réalité, le terme de choucroute ne désigne que le choux coupé et rien que cela. Nous devons parler de "choucroute garnie" pour désigner une choucroute accompagnée de tout ce qui va avec.

Si certains plats de terroirs, comme certains gratins de pommes de terre basiques, sont des plats du pauvre, la choucroute garnie est une recette noble et riche. C'est le plat emblématique de la gastronomie alsacienne. A l'image d'un couscous ou d'un pot-au-feu, c'est l'archétype du plat complet. Il n'en existe pas une recette mais autant qu'il y a de faiseurs. Elle doit toujours être très chaude et très généreuse, surmontée d'une montagne de charcuteries et accompagnée d'une bière d'Alsace ou d'un vin blanc sec d'Alsace, le Riesling. A la fin du repas, il doit en retourner en cuisine (ce reste sera délicieux réchauffé).

Choucroute vient de l'alsacien "sûrkrût" ou "sürkrüt", mot composé de "Sûr" qui, comme son nom l'indique, signifie sûr (aigre) et de Krût qui signifie herbe. Au départ la choucroute est une herbe sûre.

La base est une fine julienne de choux blanc d'Alsace (quintal d'Alsace) dont certaines pièces atteignent 7 kg fermentée en saumure. Cultivés autour de Kräutergersheim, dans le nord de la région, ils sont récoltés de juillet à novembre et donc, à partir de la mi juillet, il est possible de se procurer de la choucroute nouvelle crue. Les feuilles extérieures étant retirées, les choux sont étrognés et coupés aussi finement que possible. Dans les familles on utilise un coupe-choux, sorte de rabot à plusieurs lames spécialement conçu à cet effet. La julienne est empilée en chouches successives dans de grandes et hautes jarres en terre ou en bois (voire en cuves ciment ou plastique pour l'industrie). On y additionne des baies de genièvre et 2% du poids du choux en gros sel. Un torchon (propre !!!) et posé sur la bouche des jarres démunies de goutière. Un couvercle en bois, ajusté, est posé, surmonté d'une pierre qui sert de presse domestique. Fermé hermétiquement (dans la tradition domestique, la jarre a une gouttière emplie d'eau dans laquelle plonge le couvercle, empêchant l'air de circuler mais permettant aux gaz de fermentation de s'échapper), le sel fait dégorger le choux et il se forme une saumure uniquement avec l'eau de végétation du légume qui se conservera ainsi. La fermentation dure, selon la température, de 3 à 8 semaines. La choucroute à perdu environ la moitié de son poids et concentre des sels minéraux, oligo-éléments et vitamines qui, avant l'ère de la conserve, assuraient en hiver, aux populations, les apports nécessaires dont en vitamine C (et pour les marins qui se préservaient ainsi du scorbut).

Aujourd'hui les familles fabrique de moins en moins leur propre choucroute. La fabrication est de petits artisans (il y a peu d'industriels). On trouve des goûteurs de choucroute qui sont à cette herbe sûre ce que les oenologues sont aux vins.

La choucroute nouvelle ou choucroute crue, (non cuite - et encore moins cuisinée), est la meilleure pour la santé, craquante et claire, avec une faible odeur acidulée, mais les traditionalistes ont un proverbe : la choucroute n'est bonne que lorsqu'elle est réchauffée 7 fois.

Comme pour la politique, il est préférable d'éviter d'en parler à table car elle peut être source de joutes verbales épiques.

  • Elle peut être cuisinée à la graisse de canard ou d'oie (il y a des canards gras et des oies grasses en Alsace dont ont fait d'excellents foies gras) ou au lard ou au saindoux.
  • Pour l'adoucir, elle peut être mijotée au vin blanc, d'Alsace bien sûr, ce qui lui donne une petite saveur acidulée. Mais elle peut, aussi, mijoter à la bière (encore d'Alsace) pour lui procurer cette légère amertume des ferments. Il y a tout de même unanimité des alsaciens pour dire que la choucroute au champagne est une hérésie dispendieuse.
  • Certains alsaciens ne mettent que la moitié du liquide en vin ou bière et complètent avec un bouillon de poule.
  • Certains alsaciens ne jure que par l'ajout d'une pomme " fruit " râpée pour compenser l'âcreté de la saumure.
  • Ils en est qui ajoutent un petit verre de Kirsch et moi-même, dans l'esprit des grains de genièvre, j'ajoute un petit verre de Gin (prononcer d'jinn et n'utiliser que du "Gordon's Dry Gin", de très loin le meilleur).
  • Elle peut être très peu cuite, à base de choucroute nouvelle, pour conserver du croquant ou, au contraire, avoir mijoté longtemps et être fondante, confite. Comme un pot-au-feu, elle supporte d'être réchauffée plusieurs fois. Certains dient qu'elle n'est jamais trop cuite. Il en est qui la font légèrement rissoler alors ne désespérez pas d'un coup de feu de trop.

La garniture de la choucroute traditionnelle est à base des fabuleuses cochonneries d'Alsace mais on évitera les immondes saucisses de Strasbourg industrielles et les tranches de jambon blanc. Les oies et des canards, dont nous venons de parler, viennent très bien dans une recette moins traditionnelle. Selon la saison, on y trouve, quelque fois, du faisant ou du perdreau. Il y a aussi des choucroutes faisant intervenir les produits des eaux (haddock fumé ou hareng fumé, saumon). On cite également l'usage d'escargots. Les juifs, nombreux en Alsace, utilisent l'oie et la saucisse de boeuf fumée.

Les pommes de terre : il y en a toujours à la campagne. Elles accompagnent traditionnellement la choucroute est sont cuites en robe des champs ou, plus rarement rissolées, quelquefois en purée ou en quenelles. On voit, quelque fois, des Spätzle (pâte à pâtes aux oeufs que l'on fait tomber dans de l'eau bouillante à travers une passoire).

  Aujourd'hui, le consommateur "particulier" va, malheureusement, trouver assez difficilement de la choucroute crue fraîche en saumure en saison et encore plus difficilement de la simple choucroute crue en saumure toute l'année, sauf à habiter en Alsace ou à avoir un charcutier traiteur près de chez soi qui fait encore son métier.

La choucroute cuite cuisinée, qui empêche le particulier de la faire lui-même, est courrante. Très facile à mettre en oeuvre, il n'a plus qu'à l'accompagner de charcuteries cuites aussi et réchauffer le tout. Le travail ne porte plus que sur la cuisson des pommes de terre (et encore ...) et, surtout, le choix cornélien et fastidieux des charcuteries.

Le professionnel va trouver, à peu près, les produits suivants (selon sa région et son grossiste), en jatte de 5 à 25 kg.

Choucroute crue
Choux finement découpés et mis en saumure parfumée aux baies de genièvre. Permet de cuisiner soi-même sa choucroute qui se prête, ainsi, à tous les types de cuisines et de saveurs. Le chef peut personnaliser son travail.
La DLC est de 2 mois.

Choucroute cuite nature
Choucroute sortie de sa saumure, lavée, cuite et parfumée (avec quelques variantes selon les fabriquants) sans matière grasse. La durée de mise en oeuvre est raccourçie mais laisse aux chefs la possibilité de personnaliser leur travail par un court mijotage. La composition standard est simple : choucroute lavée, sel, oignons, baies de genièvre, poivre.
La DLC est de 3 mois.

Choucroute cuite cuisinée
Choucroute sortie de sa saumure, lavée, cuite au saindoux ou à la graisse de canard ou d'oie et au Riesling et parfumée (avec quelques variantes selon les fabriquants). La durée de mise en oeuvre est quasi immédiate mais laisse moins de place aux chefs pour personnaliser leur travail. La composition standard est simple : choucroute lavée, saindoux, Riesling, sel, oignons, baies de genièvre, poivre. Il suffit d'ajouter les viandes, personnaliser et de réchauffer. Ne convient pas aux communautés ne consommant pas de porc lorsqu'elle est cuite au saindoux.
La DLC est de 3 mois.

Choucroute cuite dite "Brasserie"
Dito "Choucroute cuite cuisinée" ci-dessus avec des lardons rissolés (et, normalement, découennés).
Ne convient pas aux communautés ne consommant pas de porc.
La DLC est de 3 mois.

Choucroute cuite à l'huile.
Dito "Choucroute cuite cuisinée" ci-dessus avec des lardons rissolés (et, normalement, découennés). La cuisson se fait à l'huile (de tournesol) au lieu du saindoux ce qui donne une saveur moins marquée
Ne convient pas aux communautés ne consommant pas de porc.
La DLC est de 3 mois.

Choucroute au champagne
Dito "Choucroute cuite cuisinée" ci-dessus avec des lardons rissolés (et, normalement, découennés). La cuisson se fait avec du Champagne au lieu de Riesling. Unanimité des alsaciens pour dire que la choucroute au champagne est une hérésie dispendieuse (en sus, il n'y a pas de Champagne en Alsace).
Ne convient pas aux communautés ne consommant pas de porc.
La DLC est de 3 mois.

L'adjonction d'un peu de cumin (graines de cumin avant la cuisson) prévient les ballonnements.
L'adjonction d'une pomme de terre crue, râpée, et de crème acidulée, durant la cuisson, donne une choucroute de consistance crémeuse, compensant l'âcreté de la saumure.
Aucune choucroute n'est semblable à une autre. Goûtez toujours et corriger l'assaisonnement.
Certains tentent le cidre à la place du vin blanc ou de la bière (mais est-on encore en Alsace ?).

 

Ingrédients 8 portions
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Ingrédients                   um             qté u                      
Choucroute          
choucroute crue - on compte 300 gr de choucroute crue par personne (mais on peu, aujourd'hui, utiliser une choucroute cuite, prête à l'emploi. Il en existe sous label CC (Caractéristiques Certifiées) auquel cas il n'y a plus de cuisson, les viandes doivent être choisies cuites et non à cuire et le tout est simplement à réchauffer). kg 2,400      
couennes de lard pièce 2      
graisse d'oie ou de canard ou saindoux kg 0,100      
vin blanc sec d'Alsace - Riesling l 0,75      
gin (alcool de genièvre) marque Gordon l 0,03      
gros sel (à utiliser avec parcimonie en fonction de la garniture et de son dessalage) kg pm      
           
Garniture          
palette de porc fumée (à cuire) kg 1,000      
carré de porc salé (à dessaler 2 à 3 heures ou une nuit à l'eau froide et à cuire) kg 0,750      
jarrets (jambonneaux) salés (à dessaler 2 à 3 heures ou une nuit à l'eau froide et à cuire) pièce 2      
poitrine (lard) salé (à dessaler 2 à 3 heures ou une nuit à l'eau froide et à cuire) kg 0,600      
poitrine (lard) cuit et fumé kg 0,600       
saucisse de Morteau (à cuire) pièce 1      
saucisse fumée de Montbéliard (cuites) pièce 8      
saucisses de Strasbourg (Knack) uniquement s'il s'agit d'un produit artisanal sinon, ne pas utiliser les produits industriels pièce 8      
cervelas uniquement s'il s'agit d'un produit artisanal sinon, ne pas utiliser les produits industriels pièce 1      
pommes de terre moyenne (variété BF15, Belle de Fontenay, Roseval, Rosine, Nicola, éventuellement Monalisa ou Samba) kg 1,000      
           
Garniture aromatique          
cayeux d'ail épluchés écrasées pièce 4      
oignons épluchés et émincés pièce 3      
carottes épluchées et coupées en fines lamelles pièce 2      
baies de genièvre pièce 12       
graines de coriandre (1 cuillère à café) kg  0,002      
clous de giroffle pièce 4      
feuille de laurier  piece 2      
poivre blanc en grains (1 cuillère à café)   pm      
cumin (1 cuillère à café) kg pm      
         
       

Progression de la recette
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Rappel : cette recette part de choucroute crue en saumure. D'autre part, contrairement à certains faiseurs, les viandes sont doucement confites dans la choucroute pour préserver et échanger les saveurs et non pas bouillies à l'eau ce qui les affadies.

L'acidité de la choucroute crue en saumure varie selon les saisons (peu acide en début de saison (automne / hiver) lorsqu'elle est fraîche (nouvelle récolte) et plus acide vers la fin du printemps). Donc selon votre goût et la saison, laver 1 ou 2 fois ou faire tremper la veille la choucroute crue dans une bassine d'eau froide et conserver au frais à couvert avant de rincer abondamment et plusieurs fois à l'eau froide dans une passoire plongée dans l'eau.

Faire également tremper la veille le carré de porc salé, les jarrets salés (jambonneaux) et la poitrine (lard) salé à l'eau froide et conserver à couvert au froid afin de retirer l'excédent de sel.

Bien remuer la choucroute à la main et la dé-compacter. Égoutter en la pressant pour exprimer l'eau (sans trop la sécher ni compacter). Aérer.

Laver et essuyer le carré de porc salé, les jarrets salés (jambonneaux) et la poitrine (lard) salée.

Eplucher, laver et émincer les oignons.

Eplucher et écraser les cayeux d'ail.

Eplucher, laver et couper en fines lamelles les carottes.

Blanchir 5 ' à l'eau frémissante le morceau de palette fumée.

Dans une grande cocotte en fonte allant au four, faire fondre la graisse choisie et faire suer les oignons émincés 2 minutes sans coloration.

Lorsqu'ils sont translucides, les retirer et les mettre dans une mousseline (sac en tissu dite aussi aumônière) avec toute la garniture aromatique y compris les graines de cumin et les baies de genièvre (pour ces dernières, il est d'usage de les trouver dans la choucroute mais elles sont inmangeables et il n'est pas très élégant de les mettre de côté sur le bord de l'assiette, donc n'infligeons pas ce dilemme à nos hotes : on les mettra dans la mousseline également).

  Tapisser la cocotte avec les couennes de lard, gras côté fonte.

Étaler la moitié de la choucroute.

Disposer la mousseline.

Disposer les viandes crues (la palette fumée, le carré salé, les jambonneaux salés et la poitrine salée).

Couvrir du reste de choucroute.

Tasser légèrement et mouiller à affleurement au liquide de mouillement choisi (tout vin ou tout bierre ou moitié l'un et moitié bouillon). Compléter éventuellement d'un peu d'eau afin que le niveau du liquide arrive presque à niveau des ingrédients sans les dépasser. Couvrir et cuire au four à 180° durant 1h30 à 3h. (Truc : plus la choucroute crue est jeune et plus elle est tendre et cuit vitte - plus elle est vieille et plus elle est dure et nécessitera une cuisson un peu plus prolongée).

Dégager grossièrement la couche supérieure de choucroute et enfouir la poitrine fumée. Recouvrir de la choucroute et enfourner encore 1/2 heure.

Dégager grossièrement la couche supérieure de choucroute et enfouir la Morteau. Recouvrir de la choucroute et enfourner encore 1/2 heure.

Dégager grossièrement la couche supérieure de choucroute et disposer les saucisses de Montbéliard. Recouvrir de la choucroute. Verser le 1/2 verre de Gin. Ajouter les pommes de terre épluchées par dessus (elle vont donc cuire à la vapeur) et enfourner encore 1/2 heure.

Au moment du service, plonger les Knacks dans l'eau frémissante (les pocher) et additionnée de grains de poivres (sans faire bouillir pour éviter leur éclatement).

 

Dressage
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Egouter la choucroute. Sur un grand plat maintenu au chaud au-dessus d'une casserole d'eau bouillante, dresser la choucroute au centre en dôme. Découper les poitrines en tranche d'1/2 doigt d'épaisseur. Couper la Morteau en quelques morceaux. Désosser et découper la palette. Couper l'un des jambonneaux et laisser l'autre entier pour le déposer au sommet de la choucroute. Disposer harmonieusement toutes les charcuteries sur la choucroute, les Montbéliard en cercle au pied du dôme avec les pommes de terre. Envoyer avec le même vin que celui de cuisson (choisir alors un grand Riesling primé bien frais) ou des bières et une moutarde dite d'Alsace (il s'agit d'une moutarde moins piquante que celle de Dijon, réputée respecter les saveurs des aliments, constituant une exception alsacienne au décret du 10 septembre 1937 qui interdit l'utilisation de l'espèce à graine blanche pour les produits se dénommant moutarde).

On peu cuire la choucroute au sylvaner et la servir accompagnée de ce même vin qui n'a pas ma préférence.

 

 

quiche lorraine
 
 
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  • Résumé : quiche lorraine : recette traditionnelle du plat emblématique de la Lorraine - sur une pâte brisée cuite à blanc foncée dans un cercle à tarte, des lardons blanchis fondus au beurre dans un appareil à crème prise salé.
 
  • Mots clé : quiche lorraine, quiche, loraine, lorraine, pâte brisée, tarte, lardons fumés, appareil, crème prise, salé, crème fraîche, oeufs, küchen, kuche, appareil à quiche, migaine, chevelotte
 

Histoire
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Toutes les régions de France ont des recettes "de terroirs" sortant d'un passé où l'on utilisait communautairement les moyens du village et les produits de la ferme et où l'on avait le bon sens de l'économie et peu de moyens.

Au rang des moyens communautaires, il y avait :
- le puit
- le lavoir
- le four à pain du village souvent utilisé 1 fois par semaine. Celui-ci connait deux longues périodes durant lesquelles le boulanger ne peut pas l'utiliser pour le pain :

  • montée en température (plusieurs heures selon la taille du four) avec production de flammes selon le type de four d'où les tartes flammées.
  • descente de température à l'extinction

Durant ces périodes, les villageois en avaient l'usage. (Les grands fours à bois d'aujourd'hui nécessitent 2 jours de montée en température et ne sont jamais éteinds. Pour travaux, ils nécessitent 3 jours de refroidissement avant qu'un ouvrier ne puisse entrer à l'intérieur).

  • La pâte à pain du boulanger
  • Les produits de la ferme avec leurs saveurs et leurs transformations propre à chaque terroir :
    • Les légumes dont les oignons et les pommes de terre
    • Le porc et ses conservations par fumaison ou salaison
    • Le lait et ses conservations
      • le lait en fromages
      • la crême en beurre et bas beurre
    • Les poules et leur production : les oeufs

A partir de là, chaque région, avec ses variantes, à développé ses plats régionnaux et ses saveurs.

 
  • Probablement dérivé de l'allemand küchen (kuche en alsacien) qui veut dire gâteau, la quiche lorraine est le plat emblématique de la Lorraine. La pâte à pain d'autrefois à été remplacée par une pâte brisée ou, quelquefois, feuilletée. Les diverses recettes ne sont pas d'accord sur la garniture. Il est admis qu'elle puisse varier d'un village à l'autre. La base est obligatoirement faite de crème fraîche, oeufs et lardons fumés maigres. Une variante admet du gruyère émincé (pas râpé) et des fines herbes (ciboulette). On y voit aussi, quelquefois, des oignons émincés et fondus au beurre.
 


A propos
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  • L'un des secrets de la réussite de cette quiche est dans l'usage de poitrine maigre, fumée, n'apportant pas de collagènes (de gélifiant), c'est à dire parfaitement découennée et sans aucun cartilages (croquants).
  • Il existe une petite polémique à propos des ingrédients. Les proportions enseignées en école de cuisine (voir les ouvrages de référence) disent : lait et crème moitié/moitié. Les boulangers/pâtissiers, fast food, brasseries et assimilés, suspects d'économies, disent : lait seul (y compris certains ouvrages du syndicat de la boulangerie). Un argument d'angoissés du cholestérol et du pèse bébé pour adultes dit la même chose. Les Lorrains, dont leur quiche est la mère de toutes les quiches et tartes salées, sont un peu chatouilleux sur leur appareil à quiche, la migaine, et crient à l'hérésie hors de la crème fraîche épaisse.
  • Pour ma part, les proportions données ci-après sont celles enseignées mais ma pratique va vers la crème épaisse fraîche utilisée seule.
 
  • Pour les Lorrains (et d'autres), l'usage de lait, en tout ou partie, à la place de la crème fraîche, courant en restauration économique type brasserie, fast food et boulangerie, est inadmissible.
  • D'une manière générale, l'adjonction de fécule ou farine dans l'appareil et une hérésie. L'appareil doit prendre grâce aux oeufs et la proportion est toujours la même : 16 oeufs de taille moyenne dont une moitié entiers et l'autre moitié clarifiés (jaunes seuls) pour 1 litre (environ 1 kg) de crème fraîche.
  • Pour obtenir le moelleux recherché, la crème utilisée doit être une crème fraîche épaisse de très bonne qualité (40% ou plus de matières grasses sur matières sèches type AOC d'Isigny Sainte Mère) et non pas de la crème liquide UHT en brique carton ni une crème allégée ou spéciale cuisson. Les lorrains disent que la migaine doit être chevelotte (elle doit tremblotter).
 
       
 

Ingrédients 8 portions
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Ingrédients                   um             qté u        qté t        p um    p t    
Pâte brisée          
farine pâtissière type 55 kg 0,200      
sel fin kg 0,004      
eau l 0,04      
oeuf clarifié (jaune) pièce 1      
beurre kg 0,100      
farine (pour fleurer et abaisser la pâte) kg 0,040      
beurre (pour beurrer le cercle ou le moule) kg 0,010      
           
Appareil à crème prise salé          
Il s'agit de la migaine des lorrains : quantités pour réaliser 6 portions lorsque servi en plat principal (moule à manqué diamètre 28 cm) ou de 18 à 24 portions lorsque servi en entrée (3 tartes fines de 6 à 8 couverts).          
crème fraîche épaisse l 0,50      
oeufs entiers pièce 8      
oeufs clarifiés (jaunes seuls) pièce 8      
lait l 0,50      
sel fin kg pm      
facultatif : poivre blanc du moulin kg pm      
facultatif : noix de muscade kg pm      
facultatif : piment d'Espelette AOC kg pm      
           
Garniture          
beurre kg 0,060      
poitrine fumée maigre, découennée, dégraissée kg 0,500      
facultatif : brins de persils frisé en décor kg pm      
         
       

Progression de la recette
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  • Confectionner la pâte brisée
  • Travailler dans une pièce ou un endroit frais. La pâte obtenue doit rester friable. Il est préférable de la faire la veille et de la laisser reposer en chambre froide (au réfrigérateur).
  • Tamiser la farine directement sur le plan de travail et disposer en fontaine.
  • Ajouter le sel dans l'eau et dissoudre. Mettre l'eau salée au creux de la fontaine.
  • Clarifier l'oeuf (séparer jaune et blanc).
  • Ajouter le jaune d'oeuf à l'eau salée et mélanger.
  • Ajouter les morceaux de beurre souple au creux de la fontaine. Si le beurre est trop dur il restera en grains dans la pâte. S'il est trop mou, la pâte deviendra élastique au lieu de rester friable; il ne faut donc pas que le beurre fonde au contact de la main.
  • Ramener un peu de farine vers le centre de la fontaine, et la mélanger, sans pétrir, à l'eau et au beurre.
  • Incorporer progressivement mais rapidement toute la farine en écrasant à pleine mains, la pâte en formation s'échappant entre les doigts. Ne pas pétrir sinon, par allongement de l'un des composants des protéines du blé, le gluten, elle devient élastique et se rétracte à la cuisson.
  • Dès que le mélange est homogène (la pâte cohérente ne colle plus au plan de travail), arrêter sinon elle devient caoutchouteuse.
  • Réunir en boule en roulant la pâte sur le plan de travail légèrement fariné, sans la travailler (sans la pétrir).
  • Pour améliorer l'homogénéité et la cohérence, on peu fraiser une ou deux fois (maximum).
    • Fraiser à la main : écraser de la paume de la main en poussant devant. Présente l'inconvénient de chauffer la pâte.
    • Fraiser au coupe-pâte ou à la corne (genre de large spatule) : écraser en tirant vers soi. Ne chauffe pas la pâte.
  • Réunir à nouveau en boule sans pétrir.
  • Facultatif : filmer (envelopper dans un film étirable en plastique alimentaire ou mettre dans un sac plastique) si la masse n'est pas utilisée de suite afin d'éviter un dessèchement superficiel.
  • Facultatif : réserver au frais 1 heure (1/2 heure minimum. Il est prférable de faire la pâte la veille). A ce momment là, on aplati un peu la pâte au rouleau afin que la pénétration du froid soit plus rapide et le froid mieux diffusé. Permet à la pâte de se raffermir et de perdre un peu de son éventuelle élasticité - elle se rétractera moins à la cuisson.
  • Préparer la garniture
  • Dans une casserole adaptée à la taille du morceau, couvrir la poitrine fumée d'eau froide et porter à frémissement en écumant. Blanchir 5'.
  • Rafraîchir sous eau froide, éponger, découper en lamelles ou en dès.
  • Faire fondre au beurre (sans colorer : il s'agit de les rendre fondant, pas craquant).
  • Foncer et cuire à blanc
  • Préchauffer le four à 200°, Th 6/7.
  • Beurrer et singer une tourtière (plat à gâteaux à bords hauts) ou utiliser un cercle sur plaque.
  • Abaisser la pâte à 3 mm d'épaisseur.
  • Piquer à la fourchette ou au pique-vite et retourner (on pique à l'envers pour ne pas favoriser le mouillement de la pâte par l'appareil).
  • Foncer (garnir) la tourtière ou le cercle.
  • Du débord de l'abaisse faire un petit ourlet tout autour et pincer (consiste à faire, du bout des doigts ou avec une pince à tarte, des cannelures et des crêtes sur le bord pour améliorer la présentation).
  • Garnir d'un papier sulfurisé et bien remplir d'un légume sec réservé à cet effet afin de peser sur la pâte, l'empêcher de gonfler à la pré-cuisson et empêcher les bords de s'affaisser. (Utiliser des pois chiche, haricots secs ou lentilles etc... Il existe aussi des billes spéciales que l'on trouve dans le commerce).
  • Cuire à blanc (Pré cuire) environ 20 minutes à four chaud et à mi hauteur. Il est préférable de pré cuire le fond de tarte car la cuisson en elle-même va tendre à ramollir le fond. Protéger l'ourlet avec du papier sulfurisé ou de l'aluminium.
    • Four à chaleur tournante (air chaud pulsé) (200°/220°, Th 6/7)
    • Four traditionnel (200°, Th 6/7 ou, si le four le permet, sole à 220° Th 6/7 et voûte à 180° Th 5/6).

 

 

  • Dans un grand saladier ou une calotte
    • Battre les oeufs en omelette.
    • Ajouter la crème fraîche.
    • Saler plus ou moins selon la garniture.
    • Facultatif : poivrer éventuellement (deux à trois tours de moulin de poivre blanc).
    • Facultatif : selon la garniture et le goût, ajouter un peu de noix muscade (toujours râpée au dernier moment).
    • Facultatif : selon la garniture et le goût, ajouter un peu de piment d'Espelette qui agira en renforçateur de goût.
    • Passer au chinois étamine.
  • Garnir
  • Sortir le fond du four.
  • Retirer le papier sulfurisé et les poids utilisés.
  • Facultatif : badigeonner le fond de blanc d'oeuf et faire sécher au four. Ceci forme une "sous-couche" qui gardera le fond sec plus longtemps.
  • Répartir la garniture équitablement.
  • Verser l'appareil avec précaution pour ne pas bousculer sa répartition.
  • Marquer en cuisson
  • Cuire à four chaud 40' dont les 20 premières à (200°, Th 6/7) puis les 20 dernières à (180°, Th 5/6).
  • L'appareil doit prendre, monter (raison de la tourtière) et dorer. En principe, la cuisson est terminée lorsque l'appareil à monté et est pris. On peu juger de la cuisson en secouant un peu la tourtière pour observer comment « bouge » l'appareil. Il ne doit plus être liquide, y compris au centre, mais tremblotant. La quiche doit être chevelotte (onctueuse).
  • Facultatif : en grande cuisine, si un cercle a été utilisé plutôt qu'une tourtière, retirer le cercle 5' avant la fin de la cuisson et dorer la pâte et les crêtes (les pinces) au pinceau avec un jaune d'oeuf légèrement dilué à l'eau afin de donner une apparence flatteuse aux bords de pâte.
  • Une belle cuisson de la quiche donne l'apparence d'un lac de lave dorée parcouru de marbrures jaunes d'or. L'appareil à pris mais reste tremblottant, moelleux (les lorrains disent "chevelotte").

 

 

Dressage
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Servir brûlant directement dans la tourtière car il est risqué de démouler brûlant (sauf si on a utilisé un cercle). Accompagner d'une salade verte ou d'une salade aux noix.

On peut décorer de quelques brins de persil frisé.