AUBE 10

08/12/2012 12:59

 

 


L'histoire de l'Aube


Préhistoire et Antiquité :

Le territoire aubois a été peuplé dès le Paléolithique inférieur (vers 400 000 av.JC), comme en attestent des bifaces découverts dans le département. Les mines de silex du Pays d'Othe fournirent de la matière première aux premiers occupants de notre contrée.

C'est vers 4000 av.JC que furent érigés les premiers mégalithes, dont 34 spécimens, menhirs et dolmens, sont recensés dans le département, plus particulièrement dans les cantons de Marcilly-le-Hayer et Nogent-sur-Seine. Des groupes d'agriculteurs vivent alors près des points d'eau et en bordure des forêts, dont le bois est utilisé pour la construction de maisons.

Autour de 2000 av.JC, le travail de la métallurgie marque l'entrée dans l'âge du bronze. Des épées, poignards, céramiques et parures datant de cette période ont été retrouvés dans le Nogentais. Le premier âge du fer se développe à compter de 800 av. JC. Des services à vin découverts dans le département témoignent de contacts avec les contrées du bassin méditerranéen.

La peuplade gauloise des Tricasses (dont dérive le nom de la ville de Troyes) s'installa dans le département au moins à partir du 6ème siècle av. JC, à compter duquel on en trouve des traces d'occupation. Le peuplement tricasse s'étirait probablement le long de la Seine, jusqu'au Nogentais.

A l'époque gallo-romaine, le territoire tricasse gagna en importance, avec l'octroi du statut de cité à leur capitale d'Augustobona, l'actuelle Troyes, traversée par la stratégique via Agrippa, reliant Milan à Boulogne-sur-Mer (l'actuelle rue de la Cité emprunte le tracé de l'antique via Agrippa).

Période médiévale :

C'est au Vème siècle de notre ère qu'apparurent les premiers paroisses du futur département de l'Aube. En 451, Attila se présenta aux portes de Troyes. Celle-ci fut sauvée par les négociations de l'évêque Saint Loup. La tradition place autour de Dierrey-Saint-Julien et Dierrey-Saint-Pierre les fameux Champs Catalauniques où fut vaincu le roi des Huns.

En 575, à l'époque du morcellement du royaume mérovingien, apparut un duché de Champagne autour de Troyes. De 888 à 925, Troyes fut la proie des attaques normandes, la ville étant incendiée en 898. La fonction de comte, apparue au 9ème siècle, devint héréditaire au siècle suivant.

C'est en 1022 que fut fondée par Eudes II, comte de Blois, la dynastie des comtes de Champagne. Trois comtes s'illustrèrent plus particulièrement :
 Thibaud II (1037-1090), qui développa l'abbaye de Clairvaux et les foires de Champagne
 Henri Ier le Libéral (1152-1181), fin letttré et diplomate, qui contribua à renforcer le succès des foires et désamorça plusieurs conflits entre son suzerain, le roi de France, et des ennemis potentiels
 Thibaud IV le Chansonnier (1201-1253) : connu pour ses chansons, ce comte, par ailleurs roi de Navarre, assura l'expansion économique de la Champagne. Il se brouilla plusieurs fois avec son suzerain et partit en 1239 en croisade en Terre Sainte, où il obtint la restitution de Jérusalem aux Chrétiens.

Les foires de Champagne se sont développées à Troyes à partir du 10ème siècle, bénéficiant de la position de carrefour des routes de la ville. Elles ont ensuite pris leur entière mesure suite aux initiatives du comte Thibaud II, à partir du règne duquel des marchands affluèrent de toute l'Europe vers Troyes. De lieu d'échanges commerciaux, les foires de Champagne évoluèrent peu à peu vers une fonction spéculative. En 1285, le comté de Champagne fut rattaché aux domaines de la couronne de France. La Guerre de Cent Ans vint définitivement mettre fin à la période brillante de ces foires.

Durant ce conflit, Troyes connut les affres de la Grande Peste (1348-1349). En 1420, par le « honteux » traité de Troyes, le roi Charles VI déshérita son fils et reconnu pour successeur l'enfant à naître du roi d'Angleterre et de sa fille . La Champagne fut alors entièrement administrée par le duc de Bourgogne, Philippe le Bon. En 1429, le fils de Charles VI, devenu le roi Charles VII, fit son entrée dans Troyes avec l'aide de Jeanne d'Arc. Durant les dernières décennies du conflit, l'aube fut ravagée par les offensives anglo-bourguignonnes ainsi que par les pillages d'anciens soldats devenus brigands.


Renaissance et Ancien Régime :

Durant les guerres d'Italie (1494-1559), l'Aube subit à plusieurs reprises les pillages de déserteurs des armes impériales. Troyes subit des épidémies de peste en 1522 et 1529. En 1524, un incendie ravagea la cité tricasse. La reconstruction de cette dernière lui donna le style qui fait aujourd'hui encore le cachet et la renommée de son centre-ville.

La Réforme rencontra un réel succès dans l'Aube, le Pays d'Othe devenant un foyer du Protestantisme naissant. Nos contrées connurent durant les guerres de religion leur triste lot de massacres. La ville de Troyes, fidèle à la ligue catholique des Guises, se donna finalement à Henri IV suite à la conversion de ce dernier au Catholicisme. Le « bon roi Henri » fit son entrée dans Troyes en 1595.

Les ravages de la Guerre de Trente Ans (1618-1648), les conflits de Flandre et de Hollande (1667-1672) ainsi que la révocation de l'Edit de Nantes (1685) ayant entraîné le départ de nombreux travailleurs protestants provoquèrent le ralentissement de l'économie locale et notamment un effondrement des exportations. Troyes ne comptait plus que 18 000 habitants en 1700.

Le 18ème siècle vu les débuts de la bonneterie dans l'Aube, avec des premiers métiers mécaniques installés à Arcis-sur-Aube en 1730 et à Troyes en 1746. Plus de 500 métiers à tricoter et 2 700 métiers à tisser existaient à Troyes en 1785, pour une population de 25 000 habitants composée aux 2/3 d'ouvriers. Une crise éclata néanmoins en 1786 suite au traité de libre-échange avec l'Angleterre, provoquant le chômage de milliers de fileurs.




Révolution et Empire :

L'Aube fournit en la personne de Danton, natif d'Arcis-sur-Aube, un des révolutionnaires les plus fameux.

C'est le 19 janvier 1790 que fut créé le département de l'Aube, dans le cadre du redécoupage administratif de la France. Il est à noter que l'Aube comprit d'abord 5 arrondissements, ceux d'Arcis-sur-Aube et Bar-sur-Seine étant finalement supprimés en 1926.

Des excès révolutionnaires (émeutes, massacres de suspects) furent à déplorer à Troyes entre 1789 et 1794.

De passage à Troyes en 1805, Napoléon, qui avait entamé ses études militaire à Brienne-le-Chateau en 1779, décida de la construction du canal de la Haute Seine.

L'année 1814 vit se dérouler dans le département plusieurs batailles de la campagne de France (Brienne, La Rothière, Arcis-sur-Aube, Champaubert).


Période contemporaine :

En 1870, Troyes fut occupée par les armées prusiennes. Le département fut épargné par les offensives allemandes en 1914-1918, période durant laquelle il constitua une base arrière pour les armées françaises, Troyes faisant office de ville-hôpital. L'occupation nazie (juin 1940- août 1944) fut marquée par d'importants mouvements de résistance. La retraite de l'occupant fut accompagnée de nombreuses et sauvages exactions de la part des SS et de la Gestapo.

Dans les années 1830-1840, l'utilisation de la vapeur et l'invention par des Troyens du métier-chaîne et du métier-circulaire font de la cité tricasse le centre technologogique de la bonneterie française. Entre 1870 et 1910, des usines furent construites à l'extérieur de Troyes, dont la population passa à 55 000 habitants en 1911. Des dynasties familiales et des lignées ouvrières suivirent des destins parallèles. Une architecture « Belle Epoque » se développa à proximité des usines.

Après la Seconde Guerre Mondiale, l'industrie de la maille redémarra, portée par une forte demande des consommateurs ainsi que par les nouvelles technologies, notamment le nylon. Mais à partir de la fin des années 50, la concurrence française et internationale ainsi que la fin des exportations vers les colonies mirent à mal le fleuron de l'industrie auboise. A compter de 1976, les entreprises commencèrent à délocaliser et des ateliers à fermer. Les années 90 virent le développement des magasins d'usine, constituant une alternative au déclin de l'industrie textile. Les centres d'appel, la logistique, le tourisme ainsi que l'agriculture et la viticulture constituent d'autres atouts pour l'Aube dans le contexte de la mondialisation.

Présentation géographique du département de l'Aube
 

   


L'Aube se situe au sud est de Paris, dans la Région Champagne-Ardenne.
Si le département appartient au Bassin Parisien sur le plan géologique, il se caractérise par des paysages très variés : 

Champagne crayeuse aux grandes plaines cultivées au Nord  Nord-Est, du département, 
Pays d'Othe à l'aspect normand au Sud-Ouest, 
Champagne humide et argileuse dans la région des Grands Lacs et de la Forêt d'Orient, 
• Plateaux calcaires de la Côte des Bars au Sud, où les bois et les vignes prédominent

Avec 140 000 hectares de forêts (dont les plus grandes se situent en Champagne humide), le département abrite de nombreuses espèces animales, dont certaines, comme le chat sauvage, sont protégées.

En 1965, le Lac de la Forêt d'Orient fut créé pour gérer les besoins en eau de la région parisienne, et éviter les grandes crues de la Seine.
Les lacs du Temple et d'Armance ont été achevé quant à eux en 1990.
Ils représentent un total de plus de 5 000 hectares d'eau, pour un volume de 375 millions de m3.

Les étangs et les rivières (la Seine, l'Aube, l'Armance, la Vanne...) contribuent à la diversité des paysages, de la faune et de la flore auboise (salamandre, truite fario, grue cendrée, héron cendré...).

Les cultures représentant 380 000 hectares de terres (63% de la surface du département) font de l'Aube l'un des greniers français. L'Aube est le premier producteur national de chanvre, le deuxième producteur de chou à choucroute et de luzerne, le 5ème producteur d'oignon et le 8ème producteur de céréales.

Avec plus de 7 000 hectares de vignes en appellation Champagne, l'Aube est le second producteur national et fournit un quart de la production mondiale de Champagne.

 

L'Economie auboise


1 — L’économie départementale

Département avant tout rural puisque les terres cultivées représentent 63 % de la surface du département, l’Aube réunit des grandes cultures (céréales (8ème producteur national), betteraves (7ème)) au nord du département et une viticulture forte (Champagne essentiellement) au sud-est. Depuis plusieurs années, une diversification est amorcée avec le développement des cultures légumières (pommes de terre (7ème), carottes, etc.). Les activités agro-industrielles (424 établissements) sont très présentes, autour de gros secteurs (sucrerie-distillerie ; vinification ; transformation légumière), avec quelques activités très spécialisées (Choucrouterie Laurent ; Chanvrière de l’Aube). Le 1er négociant européen de céréales, SOUFFLET, a son siège à Nogent sur Seine. L’activité forestière et le travail du bois sont également bien implantés, alors que l’élevage est quasiment absent.

L’industrie départementale (30% de la population active) est marquée par le déclin du textile (bonneterie), mono-industrie traditionnelle (7 100 emplois), et par le développement de la métallurgie, devenu le premier secteur d’activités en nombre d’emplois (9 000 environ). Le département a cependant perdu 7 % de ses effectifs industriels entre 1997 et 2001. Un mouvement de diversification industrielle est amorcé, avec notamment un pôle emballage-conditionnement important ou des implantations récentes d’entreprises de traitement des déchets, qui complètent le dispositif public en développement (centre ANDRA et futur centre TFA (déchets à très faible activité), futur site SECOIA à Mailly le Camp).

Une lente tertiarisation du département (57 % des emplois) est également en cours mais n’est pas parvenue à compenser le retard accumulé par rapport à la situation française. Elle passe notamment par le développement de l’enseignement supérieur (Université de Technologie de Troyes notamment) et d’activités nouvelles (centres d’appels, logistique). On peut noter également, depuis plus de 10 ans dans l’agglomération troyenne, le développement des magasins d’usine et de négoce (84 000 m_ , 1 100 emplois et 240 M€ de chiffres d’affaires cumulés en 2001) et du tourisme commercial correspondant (2 millions de visiteurs ; retombées économiques indirectes estimées à 26,5 M€ en 1999).

Géographiquement, l’essentiel des activités économiques se concentre dans l’agglomération troyenne (40 % de la population départementale), alors que Romilly sur Seine, deuxième ville du département avec 15 000 habitants, connaît un long déclin de son industrie. Trois zones d’activités devraient se développer et constituer des pôles de croissance pour le département (Parc Ouest (existant) et Parc Sud (émergeant) de l’agglomération troyenne ; Europort de Vatry à l’extrême sud de la Marne, au nord du département).

Un réseau de centre-bourgs en zone rurale irrigue le département en commerces et services mais souffrent de leur petite taille et, pour la plupart, de leur éloignement des grands axes de communication. Ils constituent en outre des pôles industriels secondaires constitués de plusieurs PMI (Arcis sur Aube, Nogent sur Seine, Brienne le Château…) ou parfois autour d’une seule entreprise (Bayel, Fontaine les Grès…).

2 — La situation sociale

Le département de l’Aube a profité de 1998 à 2000 de l’amélioration de la conjoncture, le taux de chômage passant de 11,6 % à 9,2 %, entre décembre 1998 et décembre 2000, avant de connaître à nouveau des difficultés depuis la fin 2001. Le taux de chômage est remonté à 10 %.

Toujours marqué par son histoire économique, l’Aube présente un taux de féminisation important (52 % en 2001 contre 50% en Champagne-Ardenne), les femmes étant d’ailleurs plus touchées que les hommes par le chômage (51,8 % des demandeurs d’emploi à la fin du mois de mai 02, contre 48,7 % au plan national), du fait notamment des licenciements dans le secteur textile.

Les nouvelles activités économiques ne bénéficient qu’à une fraction de la main d’œuvre disponible (étudiants, jeunes…) et le fossé s’accentue avec les populations les plus éloignées de l’emploi (chômeurs âgés ou handicapés, chômeurs des zones rurales peu mobiles).

 

Quelques aspects du patrimoine culturel aubois
 

Le patrimoine aubois est composé de 354 édifices protégés dont 143 édifices classés au titre des monuments historiques, et 211 inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.

 L'Aube est le 1er département français pour les oeuvres d'art classées au titre des monuments historiques, ce qui représente 3 100 pièces
Il concentre 66 % des oeuvres sculptées classées du XVI ème siècle de la région et est doté de 463 églises.
Par ailleurs, les 9 000 m² de vitraux font de l'Aube l'un des départements les plus riches de France. 
Le recensement des objets mobiliers aubois, inauguré le 19 septembre 2005, représente 12 087 objets mobiliers recensés.

L’Etat est propriétaire et gère trois édifices monumentaux :

    • à l’est, l’abbaye de Clairvaux, chef d’œuvre de l’architecture monastique cistercienne établi au début au début du XIIème siècle,
    • au centre, la cathédrale Saint Pierre et Saint Paul commencée vers 1200,
    • à l’ouest, le château de La Motte Tilly construit en 1755, légué au centre des monuments nationaux par sa dernière propriétaire, la marquise de Maille.

On trouve dans l’Aube une architecture variée et typique. 
Les constructions à pans de bois y sont très répandues avec de très beaux exemples du XVIème siècle dont un ensemble urbain unique à Troyes, capitale des comtes de Champagne.

L’architecture monumentale (églises, hôtels particuliers, etc…), quant à elle, présente de nombreux exemples en craie notamment en champagne sèche , calcaire tendre, dont la durée de vie est estimée à 400 ans et nécessite une surveillance et des travaux d’entretien permanents.

Mais on trouve également la présence de grès, d’adobe, briques de terre séchée en champagne crayeuse et humide et de brique cuite associée à la craie pour former d’harmonieux décors appelés damiers champenois. Au XIXème siècle, l’emploi de la brique se généralise avec de très beaux exemples de dessins de calepinages.

Les toits de chaume, disparus aujourd’hui, ont été remplacés par la tuile plate, et l’Est du département présente des couvertures originales à la " romaine " avec tuiles plates et tuiles creuses. Enfin, la tuile " violon ", modèle original de tuile mécanique, s’est développée à partir de la moitié du XIXème siècle, surtout le long de la vallée de la Seine.

Depuis de nombreuses années, le service départemental de l’architecture et du patrimoine de l’Aube, mène également une politique de protection des paysages et de sauvetage de l’architecture rurale et des granges à pans de bois menacées quotidiennement par les exigences du productivisme.

Ce patrimoine important et fragile est quotidiennement menacé par des conditions climatiques et géographiques défavorables : forte humidité ambiante, pluies régulières, nappes phréatiques importantes, terrains argileux, contrastes de température, etc…nécessitant une surveillance et un suivi permanent où l’Etat, par l’intermédiaire du service départemental de l’architecture et du patrimoine, joue un rôle de tout premier ordre au côté des collectivités locales.

Mais l’Aube présente également un important patrimoine lié au développement de l’industrie bonnetière au XIXème siècle.

Ensembles d’habitats ouvriers, maisons patronales cossues, friches industrielles couvrant plusieurs dizaines d’hectares à proximité immédiate des centres villes représentant de vastes chantiers et des enjeux de planification urbaine et de reconversion où le service départemental de l’architecture et du patrimoine de l’Aube joue un rôle prépondérant pour concilier dynamisme économique, modernité et souci permanent de qualité et de mémoire.