CHANTS ET HYMNES DE LA RÉVOLUTION

03/04/2012 21:27

 

Ah ! ça ira

Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, refrain qui symbolise la Révolution, fut entendu pour la première fois en mai 1790. Son auteur, un ancien soldat chanteur des rues du nom de Ladré, avait adapté des paroles anodines sur le Carillon national, un air de contredanse très populaire dû à Bécourt, violoniste au théâtre Beaujolais et que la reine Marie-Antoinette elle-même aimait souvent jouer sur son clavecin.

Le titre et le thème du refrain de cette chanson ont été inspirés par l’optimisme imperturbable de Benjamin Franklin, représentant très apprécié par le peuple français du Congrès des 13 colonies d’Amérique à Paris, du 22 décembre 1776 au 12 juillet 1785 qui, lorsqu’on lui demandait des nouvelles de la guerre d’Indépendance américaine, répondait invariablement dans son mauvais français : « Ça ira, ça ira » (pour l’anglais : It’ll be fine). À la Révolution, le texte fut transformé par les sans-culottes en apostrophes assassines à l’égard de l’aristocratie et du clergé. Le « Ça ira » survécut à Thermidor et le Directoire ordonna même qu’on le chantât avant chaque spectacle. Il fut interdit sous le Consulat.

Le refrain est :

Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, les aristocrates à la lanterne, Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, les aristocrates on les pendra !

Les paroles ont, quant à elles, subi des changements en raison des ajouts dus aux circonstances liées à l’évolution de la Révolution.

Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, Le peuple en ce jour sans cesse répète, Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, Malgré les mutins tout réussira. Nos ennemis confus en restent là Et nous allons chanter « Alléluia ! » Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, Quand Boileau jadis du clergé parla Comme un prophète il a prédit cela. En chantant ma chansonnette Avec plaisir on dira : Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! Suivant les maximes de l’évangile Du législateur tout s’accomplira. Celui qui s’élève on l’abaissera Celui qui s’abaisse on l’élèvera. Le vrai catéchisme nous instruira Et l’affreux fanatisme s’éteindra. Pour être à la loi docile Tout Français s’exercera. Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! Pierrette et Margot chantent la guinguette Réjouissons-nous, le bon temps viendra ! Le peuple français jadis à quia, L’aristocrate dit : « Mea culpa ! » Le clergé regrette le bien qu’il a, Par justice, la nation l’aura. Par le prudent Lafayette, Tout le monde s’apaisera. Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, Par les flambeaux de l’auguste assemblée, Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, Le peuple armé toujours se gardera. Le vrai d’avec le faux l’on connaîtra, Le citoyen pour le bien soutiendra. Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, Quand l’aristocrate protestera, Le bon citoyen au nez lui rira, Sans avoir l’âme troublée, Toujours le plus fort sera. Petits comme grands sont soldats dans l’âme, Pendant la guerre aucun ne trahira. Avec cœur tout bon Français combattra, S’il voit du louche, hardiment parlera. Lafayette dit : « Vienne qui voudra ! » Sans craindre ni feu, ni flamme, Le Français toujours vaincra ! Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! Les aristocrates à la lanterne, Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! Les aristocrates on les pendra !

Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! Les aristocrates à la lanterne. Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! Les aristocrates on les pendra. Si on n’ les pend pas On les rompra Si on n’ les rompt pas On les brûlera. Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,

Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, Nous n’avions plus ni nobles, ni prêtres, Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, L’égalité partout régnera. L’esclave autrichien le suivra, Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, Et leur infernale clique Au diable s’envolera.

Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, Les aristocrates à la lanterne ; Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, Les aristocrates on les pendra ; Et quand on les aura tous pendus, On leur fichera la pelle au c...

 

 

 

Carmagnole 

C’est une chanson révolutionnaire anonyme et très populaire créée en 1792 quand l’Assemblée nationale vote la Convention et décrète l’arrestation du Roi. Originaire du Piémont, ce chant gagne d’abord la région de Marseille, avant d’atteindre Paris. Elle se popularise ensuite dans toute la France après la chute du trône pour devenir un hymne des sans-culottes. Lors de ces épisodes révolutionnaires qui secouèrent le XIXe siècle français, elle réapparait en s’ornant de nouveaux couplets.

* Madam’ Véto = Marie-Antoinette * Monsieur Véto = Louis XVI

La Carmagnole, 1792

Madam’ Véto avait promis, De faire égorger tout Paris. (bis) Mais le coup a manqué Grâce à nos canonniers Dansons la carmagnole Vive le son vive le son ! Dansons la carmagnole Vive le son du canon !

Monsieur Véto avait promis, D’être fidèle à son pays. (bis) Mais il a manqué Ne faisons plus d’quartier Dansons la Carmagnole, Vive le son, vive le son, Dansons la Carmagnole, Vive le son du canon !

Antoinette avait résolu, De nous fair’ tomber sur le cul. (bis) Mais son coup a manqué, Elle a le nez cassé Dansons la Carmagnole, Vive le son, vive le son, Dansons la Carmagnole, Vive le son du canon !

Son mari se croyant vainqueur, Connaissait peu notre valeur. (bis) Va, Louis, gros paour, Du temple dans la tour Dansons la Carmagnole, Vive le son, vive le son, Dansons la Carmagnole, Vive le son du canon !

Les suisses avaient tous promis, Qu’ils feraient feu sur nos amis. (bis) Mais comme ils ont sauté Comme ils ont tous dansé Dansons la Carmagnole, Vive le son, vive le son, Dansons la Carmagnole, Vive le son du canon !

Quand Antoinette vit la tour, Elle voulut faire demi-tour. (bis) Elle avait mal au cœur De se voir sans honneur Dansons la Carmagnole, Vive le son, vive le son, Dansons la Carmagnole, Vive le son du canon !

Lorsque Louis vit fossoyer, A ceux qu’il voyait travailler. (bis) Il disait que pour peu Il était dans ce lieu Dansons la Carmagnole, Vive le son, vive le son, Dansons la Carmagnole, Vive le son du canon !

Le patriote a pour amis, Tous les bonnes gens du pays. (bis) Mais ils se soutiendront Tous au son du canon Dansons la Carmagnole, Vive le son, vive le son, Dansons la Carmagnole, Vive le son du canon !

L’aristocrate a pour amis, Tous les royalist’s à Paris. (bis) Ils vous les soutiendront Tout comme de vrais poltrons Dansons la Carmagnole, Vive le son, vive le son, Dansons la Carmagnole, Vive le son du canon !

Les gendarmes avaient promis, Qu’ils soutiendraient tous leur pays. (bis) Mais ils n’ont pas manqué Au son du canonnié Dansons la Carmagnole, Vive le son, vive le son, Dansons la Carmagnole, Vive le son du canon !

Amis, restons toujours unis, Ne craignons pas nos ennemis. (bis) S’ils vienn’t nous attaquer, Nous les ferons sauter Dansons la Carmagnole, Vive le son, vive le son, Dansons la Carmagnole, Vive le son du canon !

Oui, je suis sans-culotte, moi, En dépit des amis du roi. (bis) Vivent les Marseillois, Les Bretons et nos lois Dansons la Carmagnole, Vive le son, vive le son, Dansons la Carmagnole, Vive le son du canon !

Oui, nous nous souviendrons toujours, Des sans-culottes des faubourgs. (bis) A leur santé buvons, Vivent ces bons lurons ! Dansons la Carmagnole, Vive le son, vive le son, Dansons la Carmagnole, Vive le son du canon !

 

 

Chant du départ

Le Chant du Départ est un chant révolutionnaire et un hymne de guerre, écrit par Étienne Nicolas Méhul (pour la musique) et Marie-Joseph Chénier (pour les paroles) en 1794. Il fut l’hymne officiel du Premier Empire.

Ce chant fut appelé le "frère de La Marseillaise" par les soldats républicains. Il est composé le 14 juillet 1794. il est ensuite présenté à Robespierre, qui le qualifie "de poésie grandiose et républicaine qui dépasse tout ce qu’a fait ce girondin de Chénier."

Le chant est tout d’abord exécuté par l’orchestre et les chœurs du Conservatoire de musique le 14 juillet 1794. Il est immédiatement imprimé à près de 18 000 exemplaire et distribué aux 14 armées de la République.

Le Chant du départ est devenu l’hymne officiel du Premier Empire, Napoléon préférait cet hymne à La Marseillaise. Le titre original du Chant du départ est "Hymne à la liberté" (le nom fut changé par Robespierre).

C’est un tableau musical : à chacune des sept strophes l’hymne est chanté par un individu ou des groupes d’individus différents.

Dans le premier verset il s’agit par exemple d’un député qui parle à des soldats, il les encourage à se battre pour défendre la République. Dans le second verset il s’agit d’une mère de famille qui donne son fils à la patrie. Dans le quatrième verset il s’agit d’un enfant qui chante Joseph Bara et Joseph Agricol Viala, deux jeunes Français (12 ans et 13 ans) qui sont morts pour la République. Alors qu’il était entouré de Vendéens qui lui demandaient de crier "Vive Louis XVII" ; Bara refusa et lança : "Vive la République", cri pour lequel il fut exécuté sur le champ. Quant à Viala il mourut frappé par une balle en essayant de couper les cordes d’un ponton de l’ennemi. Ses derniers mots furent : "Je meurs, mais c’est pour la Liberté".

Le chant survécut à la Révolution et au Premier Empire. Aujourd’hui il est toujours chanté par l’armée française. Valéry Giscard d’Estaing en avait fait son chant de campagne lors de l’élection présidentielle de 1974 ; Président de la République, il le faisait souvent jouer aux troupes au cours de cérémonies officielles, avec La Marseillaise. C’est un exemple classique de chant guerrier.

Paroles

Un député du Peuple

La victoire en chantant

Nous ouvre la barrière.

La Liberté guide nos pas.

Et du Nord au Midi

La trompette guerrière

A sonné l’heure des combats.

Tremblez ennemis de la France

Rois ivres de sang et d’orgueil.

Le Peuple souverain s’avance,

Tyrans descendez au cercueil.

La République nous appelle

Sachons vaincre ou sachons périr

Un Français doit vivre pour elle

Pour elle un Français doit mourir.

Chant des guerriers (Refrain)

La République nous appelle

Sachons vaincre ou sachons périr

Un Français doit vivre pour elle

Pour elle un Français doit mourir.

Une mère de famille

De nos yeux maternels ne craignez pas les larmes :

Loin de nous de lâches douleurs !

Nous devons triompher quand vous prenez les armes :

C’est aux rois à verser des pleurs.

Nous vous avons donné la vie,

Guerriers, elle n’est plus à vous ;

Tous vos jours sont à la patrie :

Elle est votre mère avant nous.

(Refrain)

Deux vieillards

Que le fer paternel arme la main des braves ;

Songez à nous au champ de Mars ;

Consacrez dans le sang des rois et des esclaves

Le fer béni par vos vieillards ;

Et, rapportant sous la chaumière

Des blessures et des vertus,

Venez fermer notre paupière

Quand les tyrans ne seront plus.

(Refrain)

Un enfant

De Barra, de Viala le sort nous fait envie ;

Ils sont morts, mais ils ont vaincu.

Le lâche accablé d’ans n’a point connu la vie :

Qui meurt pour le peuple a vécu.

Vous êtes vaillants, nous le sommes :

Guidez-nous contre les tyrans ;

Les républicains sont des hommes,

Les esclaves sont des enfants.

(Refrain)

Une épouse

Partez, vaillants époux ; les combats sont vos fêtes ;

Partez, modèles des guerriers ;

Nous cueillerons des fleurs pour en ceindre vos têtes :

Nos mains tresserons vos lauriers.

Et, si le temple de mémoire

S’ouvrait à vos mânes vainqueurs,

Nos voix chanterons votre gloire,

Nos flancs porteront vos vengeurs.

(Refrain)

Une jeune fille

Et nous, sœurs des héros, nous qui de l’hyménée

Ignorons les aimables nœuds ;

Si, pour s’unir un jour à notre destinée,

Les citoyens forment des vœux,

Qu’ils reviennent dans nos murailles

Beaux de gloire et de liberté,

Et que leur sang, dans les batailles,

Ait coulé pour l’égalité.

(Refrain)

Trois guerriers

Sur le fer devant Dieu, nous jurons à nos pères,

À nos épouses, à nos sœurs,

À nos représentants, à nos fils, à nos mères,

D’anéantir les oppresseurs :

En tous lieux, dans la nuit profonde,

Plongeant l’infâme royauté,

Les français donneront au monde

Et la paix et la liberté.

(Refrain)

 

 

La Marseillaise

Allons enfants de la Patrie Le jour de gloire est arrivé ! Contre nous de la tyrannie L’étendard sanglant est levé Entendez-vous dans nos campagnes Mugir ces féroces soldats ? Ils viennent jusque dans vos bras. Égorger vos fils, vos compagnes !

Aux armes citoyens Formez vos bataillons Marchons, marchons Qu’un sang impur Abreuve nos sillons

Que veut cette horde d’esclaves De traîtres, de rois conjurés ? Pour qui ces ignobles entraves Ces fers dès longtemps préparés ? Français, pour nous, ah ! quel outrage Quels transports il doit exciter ? C’est nous qu’on ose méditer De rendre à l’antique esclavage !

Quoi ces cohortes étrangères ! Feraient la loi dans nos foyers ! Quoi ! ces phalanges mercenaires Terrasseraient nos fils guerriers ! Grand Dieu ! par des mains enchaînées Nos fronts sous le joug se ploieraient De vils despotes deviendraient Les maîtres des destinées.

Tremblez, tyrans et vous perfides L’opprobre de tous les partis Tremblez ! vos projets parricides Vont enfin recevoir leurs prix ! Tout est soldat pour vous combattre S’ils tombent, nos jeunes héros La France en produit de nouveaux, Contre vous tout prêts à se battre.

Français, en guerriers magnanimes Portez ou retenez vos coups ! Épargnez ces tristes victimes À regret s’armant contre nous Mais ces despotes sanguinaires Mais ces complices de Bouillé Tous ces tigres qui, sans pitié Déchirent le sein de leur mère !

Nous entrerons dans la carrière Quand nos aînés n’y seront plus Nous y trouverons leur poussière Et la trace de leurs vertus Bien moins jaloux de leur survivre Que de partager leur cercueil Nous aurons le sublime orgueil De les venger ou de les suivre !

Amour sacré de la Patrie Conduis, soutiens nos bras vengeurs Liberté, Liberté chérie Combats avec tes défenseurs ! Sous nos drapeaux, que la victoire Accoure à tes mâles accents Que tes ennemis expirants Voient ton triomphe et notre gloire !

La Marseillaise est l’hymne national de la République française.

Histoire

Création

Elle fut écrite par Rouget de Lisle à Strasbourg dans la nuit du 25 au 26 avril 1792 à la suite de la déclaration de guerre à l’empereur d’Autriche. Elle portait alors le titre de « Chant de guerre pour l’armée du Rhin ».

Le texte est très inspiré d’une affiche de propagande diffusée à cette époque. L’origine de la musique est plus discutée, puisqu’elle n’est pas signée (contrairement aux autres compositions de Rouget de Lisle), et qu’elle semble trop complexe pour avoir été écrite par lui, qui n’était pas un grand musicien. Elle aurait été composée par Jean-Baptiste Grisons (1746-1815), maître de chapelle à Saint-Omer dans son oratorio Esther (1775). À l’écoute, l’inspiration ne fait aucun doute.

Du chant révolutionnaire à l’hymne national

C’est le 30 juillet 1792, alors qu’elle avait été entonnée par les soldats républicains marseillais entrant dans Paris, lors de l’insurrection des Tuileries, qu’elle fut baptisée La Marseillaise. Ces soldats avaient sans doute appris ce chant dans la rue du Tapis-Vert où il fut chanté pour la première fois à Marseille.

Le septième couplet, dit couplet des enfants, date d’octobre 1792. Il est attribué à Jean-Baptiste Dubois, Marie-Joseph Chénier et l’abbé Dubois.

La Marseillaise est déclarée chant national le 14 juillet 1795.

Interdite sous l’Empire puis la Restauration, elle est remise à l’honneur après la révolution de 1830 et redevient hymne national sous la IIIe République. Le ministère de l’Éducation nationale conseille d’en pratiquer le chant dans les écoles à partir de 1944, pratique qui est dorénavant obligatoire à l’école primaire (proposition de loi du 19 février 2005, adoptée le 23 avril 2005, modifiant l’article L321-3 du Code de l’éducation). Les Constitutions de 1946 (IVe République) et de 1958 (Ve République) conservent La Marseillaise comme hymne national (article 2 de la Constitution de 1958).

Ringardisée par la génération baba-cool des années 1970, La Marseillaise fut un temps délaissée au profit des nationalistes dont le Front national. Depuis la fin des années 1990 pourtant, La Marseillaise, tout comme le drapeau national, sont clairement de retour comme symboles républicains forts.

Le 6 octobre 2001, lors du match de football France-Algérie au stade de France, La Marseillaise fut copieusement sifflée par une partie des spectateurs français d’origine maghrébine. Ceci provoqua une vive réaction à travers tout le pays et inspira une loi quelques années plus tard, d’autant qu’au printemps 2002, certains supporters corses du Sporting club de Bastia sifflèrent à nouveau l’hymne national à l’occasion de la finale de la Coupe de France. Ce qui provoqua l’ire du président Jacques Chirac, qui a décidé en conséquence de boycotter la remise de la Coupe de France au vainqueur.

La Marseillaise hors de France

La Marseillaise est plus que l’hymne français. En tant que chant révolutionnaire de la première heure, il a été repris et adopté par nombre de révolutionnaires sur tous les continents. Ainsi, les bolcheviks l’adoptent pour hymne en 1917 avant de reprendre un autre chant français révolutionnaire, L’Internationale. Cette dernière a été écrite pendant la commune de Paris de 1871. Elle a tendance à remplacer La Marseillaise chez les révolutionnaires d’extrême gauche, parce qu’en devenant l’hymne national français, celle-ci est maintenant associée au pouvoir étatique de cette nation. Les activistes les plus à gauche préfèrent donc cette Internationale encore intacte car toujours pas utilisée par ceux qu’ils considèrent comme leurs ennemis.

En 1931, à l’avènement de la Seconde République espagnole, certains Espagnols ne connaissant pas leur nouvel hymne (Himno de Riego), accueillirent le nouveau régime en chantant La Marseillaise, dans une version espagnole ou catalane.

Les étudiants chinois manifestant sur la place Tian’anmen chantaient également La Marseillaise[réf. nécessaire]

Durant la Seconde Guerre mondiale, la loge Liberté chérie, créée dans les camps de concentration nazis, tire son nom de cet hymne des combattants de la liberté.

Anecdotique : Arsène Wenger ayant été entraîneur de l’équipe de football de Nagoya (au Japon) et les ayant fait gagner la coupe japonaise de football, les supporters encouragent encore aujourd’hui leur équipe sur l’air de la marseillaise.

Interprètes, adaptations, réutilisations

Pierre Dupont[1], chef de la musique de la garde républicaine (1927-1944) compose l’arrangement officiel de l’hymne national. C’est cette version qui est encore actuellement en usage.

Mais, La Marseillaise a eu de nombreux interprètes, dont :

* Serge Gainsbourg (1979) sous le titre de Aux armes et cætera. Il s’agit d’une version reggae qui déclencha de nombreux émois au point que l’interprète fut pris à partie par des parachutistes au cours de l’une de ses représentations. Il acheta le manuscrit original du Chant de guerre de l’armée du Rhin lors d’une vente aux enchères en décembre 1981. « J’étais prêt à me ruiner », déclara-t-il. * Stéphane Grappelli et Django Reinhardt au sein du quintette du Hot club de France, titre traduit en anglais "Echoes of France" (écouter un extrait) ; * Mireille Mathieu ; * Marcel Mouloudji ; * Marc Ogeret ; * Édith Piaf ; * Michel Sardou (1976) ; * Oberkampf, version punk en 1983 ; * The Beatles (introduction de All You Need Is love) ; * Jessye Norman, pour la commémoration du bicentenaire de la Révolution (1989) * Jean-Loup Longnon, version brésilienne dans l’album Cyclades, 1996 ; * Rohan, version enfant 2005 ; * Isabelle Hamon, version gallo 2005 ; * Graeme Allwright ; * Ben Heppner, sur un disque d’air français ; * Teaching the Marseillaise from Napoleon, dirigé par Carl Davis à la tête du Wren Orchestra (Silva Screen, FILMCD 149).

On trouve l’ébauche de la mélodie de La Marseillaise dans le concerto pour piano et orchestre n° 25 (KV 503) de Mozart composé quelques années plus tôt : les douze premières notes de l’hymne sont jouées au piano par la main gauche à la fin du premier mouvement allegro maestoso (16e, 17e minutes).

Le thème de La Marseillaise a été repris par Piotr Ilitch Tchaïkovski dans sa grandiloquente Ouverture 1812 opus 49 célébrant la victoire russe de 1812 sur les armées napoléoniennes. On peut y entendre les premières notes de la mélodie utilisées comme motif mélodique récurrent, en opposition aux thèmes mélodiques de différents chants patriotiques russes.

Mel Brooks en a aussi fait une reprise, en introduction, sur son morceau "It’s Good To Be The King"

Charlélie Couture a repris en 2006 le thème musical dans une chanson intitulée Ma Marseillaise à moi.

Hector Berlioz l’a arrangée pour solistes, choeurs et orchestre ; "pour tout ce qui a un coeur, une voix, et du sang dans les veines", écrit-il en tête de sa partition.

Loi

Le 24 janvier 2003, l’ensemble des députés a adopté, dans le cadre de la loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (Lopsi) proposée par Nicolas Sarkozy, un amendement créant le délit d’« outrage » au drapeau français et à l’hymne national, La Marseillaise. Délit sanctionné par un emprisonnement de 6 mois et 7 500 euros d’amende. Un certain nombre de citoyens et d’associations de défense des droits de l’Homme se sont insurgés contre ce qu’ils considèrent comme une atteinte manifeste à la liberté d’expression et contre le flou entretenu par le mot « outrage ».

Le Conseil constitutionnel a limité les possibilités d’applications :

« [...] sont exclus du champ d’application de l’article critiqué les œuvres de l’esprit, les propos tenus dans un cercle privé, ainsi que les actes accomplis lors de manifestations non organisées par les autorités publiques ou non réglementées par elles ; que l’expression « manifestations réglementées par les autorités publiques », éclairée par les travaux parlementaires, doit s’entendre des manifestations publiques à caractère sportif, récréatif ou culturel se déroulant dans des enceintes soumises par les lois et règlements à des règles d’hygiène et de sécurité en raison du nombre de personnes qu’elles accueillent. » Décision n° 2003-467 DC

La loi Fillon, visant à réformer l’éducation et adoptée en mars 2005, a rendu obligatoire l’apprentissage de La Marseillaise dans les classes maternelles et primaires à partir de la rentrée 2005, conformément à la loi du 23 avril 2005. Cette obligation fut introduite par un amendement du député UMP Jérôme Rivière. On retrouve l’obligation d’enseigner l’hymne national dans d’autres pays, comme les États-Unis, la Serbie ou encore l’Autriche.

Plusieurs associations, dont les syndicats d’enseignants du Pays basque, ont condamné en 2005 l’obligation d’apprentissage en école primaire de chant incitant à « abreuver nos sillons d’un sang impur ».

Paroles

Le texte a subi plusieurs modifications de couplets. La majorité des couplets ne sont plus dans la version « officielle » (celle que l’on trouve sur le site de l’Élysée) et seul le premier couplet est chanté lors des événements. Deux couplets (les « couplets des enfants ») ont été ajoutés ultérieurement, dont l’un d’eux a depuis été supprimé de la version « officielle ». Enfin, eu égard à son caractère religieux, le 8e couplet a été supprimé par Joseph Servan, ministre de la Guerre, en 1792.

Sur la partition originale de Rouget de Lisle, on voit clairement écrit « Marchez, Marchez » au refrain, qui s’accorde avec « Formez vos bataillons », 2e personne du pluriel. La transcription officielle est pourtant « Marchons, marchons », qui tenterait d’établir une rime avec « bataillons » et « sillons » .

Polémiques concernant le texte

L’hymne national français est un chant guerrier hérité des guerres révolutionnaires. Aujourd’hui, en France, la violence de La Marseillaise est parfois critiquée. Lors de l’écriture, le pays était dans un contexte très violent puisque la France était en guerre avec certains de ses voisins depuis quelques mois.

C’est le vers Qu’un sang impur abreuve nos sillons qui est notamment décrié. Pour Jaurès, il s’agit d’une référence explicite au sang des victimes du terrorisme. Pour d’autres[réf. nécessaire], ce vers est un plagiat d’une chanson anti-anglaise très populaire lors de la guerre de Sept Ans (1756-1763). La haine franco-anglaise atteint à cette occasion des sommets depuis la guerre de Cent Ans, et des deux côtés de la Manche, les textes haineux se multiplient. Cette littérature appelant à la résistance est une mine pour certains auteurs révolutionnaires, Rouget de l’Isle inclus. « Aux armes, citoyens ! » figure ainsi dans une Ode aux Français signée Ecouchard en 1762, tandis que l’on retrouve ce vers invoquant un sang impur dans une Adresse à la nation anglaise sous la plume de Claude-Rigobert Lefebvre de Beauvray en 1757.

Mais en réalité, ce vers fait référence aux révolutionnaires qui ont le sang impur contrairement aux aristocrates au sang bleu.Cela signifie alors que malgré le sang coulant, il y en aura toujours un au sang impur qui se lèvera pour combattre et marcher "Marchons,marchons".

Certains hommes de gauche condamneront longtemps l’appel à verser le sang contenu dans ce vers : « Mais ce n’est pas seulement sur la forme que porte la controverse ; c’est sur les idées. Or, je dis que La Marseillaise, la grande Marseillaise de 1792, est toute pleine des idées qu’on dénonce le plus violemment dans L’Internationale. Que signifie, je vous prie, le fameux refrain du « sang impur » ? - « Qu’un sang impur abreuve nos sillons ! », l’expression est atroce. C’est l’écho d’une parole bien étourdiment cruelle de Barnave. On sait qu’à propos de quelques aristocrates massacrés par le peuple, il s’écria : « Après tout, le sang qui coule est-il donc si pur ? » Propos abominable, car dès que les partis commencent à dire que le sang est impur qui coule dans les veines de leurs adversaires, ils se mettent à le répandre à flots et les révolutions deviennent des boucheries. Mais de quel droit la Révolution flétrissait-elle de ce mot avilissant et barbare tous les peuples, tous les hommes qui combattaient contre elle ? »

- Jean Jaurès, Marseillaise et Internationale, La Petite République socialiste, 30 août 1903

En raison du caractère violent de ce texte, il y eut plusieurs tentatives de réécriture. Les plus notables sont celles de Alphonse de Lamartine, de Victor Hugo, de Mireille Mathieu, de Serge Gainsbourg et de Yannick Noah avec Aux rêves, citoyens !

Plus récemment, Christine Boutin, présidente du Forum des républicains sociaux, a proposé de changer l’ordre des couplets de La Marseillaise en cas d’élection à la fonction présidentielle en 2007, estimant que : Des jeunes dans les stades de football, dans les banlieues, pouvaient ressentir ces paroles comme une agression.

Plus récemment encore, Pascal Lefèvre, écrivain conseil, a réécrit une Marseillaise à partir des 14 couplets originaux en considérant que le dernier couplet des enfants indiquait qu’il viendrait un temps où, lorsque les Français n’auront plus d’ennemi, ils cesseront de chanter ce refrain terrible. On peut lire et écouter cette Marseillaise du XXIe siècle sur un blog spécialement dédié accessible par tout moteur de recherche.