CHELSEA SUR LE TOIT DE L'EUROPE

20/05/2012 18:15

 

Le miraculeux parcours européen de Chelsea


 

FOOTBALL - Le club londonien a remporté samedi soir à Munich, contre le Bayern, sa première Ligue des champions.

À défaut d'enthousiasmer les foules, Chelsea dispose de ressources morales insoupçonnables. Celles qui vous permettent de redresser la tête quand tout semble perdu, de résister aux déferlantes adverses jusqu'à l'épuisement, de convoquer les forces du destin pour s'imposer face à des équipes supérieures techniquement. Après Barcelone, éliminé en demi-finale au terme d'un scénario miraculeux, Chelsea a remporté, samedi, la finale de la Ligue des champions aux tirs au but à Munich devant un Bayern dominateur mais insuffisamment réaliste pour faire exploser la défense de fer des Londoniens. Grâce à une tête rageuse de l'incroyable Didier Drogba (34 ans), Chelsea a égalisé à deux minutes de la fin du match sur son premier corner de la rencontre. Pour priver le Bayern d'un sacre pourtant bien engagé après que Thomas Müller eut ouvert le score (83e).

Un catenaccio efficace sublimé par les vieux grognards

Béni des dieux du football depuis que Roberto Di Matteo a succédé, début mars, au poste d'entraîneur à André Villas-Boas, Chelsea a conquis son succès européen sur une recette des plus simplistes: un catenaccio efficace sublimé par l'implication défensive de ses vieux grognards (Cole, Lampard et Drogba), un zeste de chance (poteau de Robben), un gardien infranchissable (après celui de Messi au Camp Nou, Peter Cech détourna un penalty de Robben au début de la prolongation) et un Drogba de combat, déterminé à remporter enfin le premier titre international de sa fantastique carrière (c'est d'ailleurs lui qui a transformé le dernier tir au but sans trembler). Cet alliage de force brute, de volonté farouche et de foi en sa bonne étoile a permis au club dans lequel Roman Abramovitch aurait investi, selon The Sun, environ 2 milliards d'euros depuis 2003, afin d'être enfin sacré. Un dénouement paradoxal puisque Chelsea (seulement 6e en Premier League) semblait avoir nettement moins d'arguments cette saison que lors de ses précédentes campagnes.

Les Pieds Nickelés sur le radeau de la «Méduse»

Au bord de l'implosion avant l'arrivée de Roberto Di Matteo, les Londoniens ressemblent à s'y méprendre aux Pieds Nickelés sur le radeau de la Méduse. Une escouade certes incoercible, mais porteuse d'une conception du jeu à la petite semaine. Roman Abramovitch, qui avait dû ravaler ses ambitions hégémoniques à Moscou en 2008, lorsque son équipe avait échoué en finale aux tirs au but devant Manchester United, s'en contente. Premier club londonien à soulever la C1, Chelsea s'est enfin construit une histoire. Si elle n'a rien de flamboyante, elle n'en est pas moins valeureuse. Elle fait écho aux canons de «l'Anglais éternel», impavide devant le péril, comme à Crécy, Azincourt ou Rorke's Drift. Ce triomphe inattendu pourrait conduire les dirigeants à revoir à la baisse leur stratégie à l'intersaison. Faiseur de miracles, l'Italien Di Matteo, pourtant considéré comme intérimaire (Fabio Capello a été pressenti pour remplacer), pourrait s'installer dans la durée. Drogba pourrait prolonger son bail de deux ans. Ce titre de champion d'Europe sonne néanmoins à s'y méprendre comme le chant du cygne d'une génération exceptionnelle.