FRANÇOIS 1ER
06/02/2012 22:14
François Ier (1494 - 1547), est sacré roi de France en 1515 dans la cathédrale de Reims, et règne jusqu’à sa mort en 1547.
Jeunesse
Frère cadet de Marguerite de Navarre (1492 - 1549), François Ier appartient à la branche de Valois-Angoulême de la dynastie capétienne. Il est né le 12 septembre 1494 à Cognac (Charente). Son prénom lui vient de son parrain, François de la Rochefoucauld. Il est le fils de Charles d’Angoulême (1459 - 1er janvier 1496) et de Louise de Savoie (11 septembre 1476 - 22 septembre 1531) ; son père était le cousin germain de son prédécesseur Louis XII et le petit-fils de la Duchesse de Milan Valentine Visconti.
François Ier est considéré comme le monarque emblématique de la période de la Renaissance française. Son règne permit un développement important des arts en France.
Quand le jeune François accède au trône en 1515 il a l’image d’un roi humaniste. Il choisit comme emblème la salamandre. Alors que ses deux prédécesseurs, Charles VIII et Louis XII, ont consacré beaucoup de temps à l’Italie, ils n’ont pas saisi le mouvement artistique et culturel qui s’y développait. Ils plantèrent néanmoins le décor qui permit ultérieurement l’épanouissement de la Renaissance en France.
Le contact entre les cultures italienne et française pendant la longue période des campagnes d’Italie, introduisent de nouvelles idées en France au moment où François reçoit son éducation. Nombre de ses précepteurs, notamment Desmoulins, son professeur de latin, et Christophe de Longeuil inculquèrent au jeune François un enseignement très inspiré de la pensée italienne. La mère de François, aussi, s’intéressait de près à l’art de la Renaissance et transmit cette passion à son fils. On ne peut pas affirmer que François reçut une éducation humaniste ; en revanche, il reçoit une éducation qui le sensibilise, plus que tout autre de ses prédécesseurs, à ce mouvement intellectuel.
Un Prince de la Renaissance
Les artistes
À l’époque où François Ier accède au trône, les idées de la Renaissance italienne se sont diffusées en France et le roi contribue à cette diffusion. Il commande de nombreux travaux à des artistes. Il fait venir en France les plus grands artistes du moment. Plusieurs travaillent pour lui, dont les plus grands comme Andrea del Sarto et Léonard de Vinci. François Ier manifesta une véritable affection pour le vieil homme qu’il appelait « mon père » et qu’il installa au Clos Lucé, à portée du château royal d’Amboise. Il lui confia diverses missions comme l’organisation des fêtes de la Cour à Amboise, la création de costumes ainsi que l’étude de divers projets. Vinci resta en France jusqu’à sa mort, dans les bras du roi selon la légende.
On peut citer aussi l’orfèvre Cellini, et les peintres Rosso et Primaticcio, chargés de nombreux travaux dans les différents châteaux de la couronne. François emploie de nombreux agents chargés de rapatrier en France les œuvres de maîtres italiens comme Michel-Ange, Titien et Raphaël. C’est pendant le règne de François Ier que la collection d’œuvres d’art des rois de France, aujourd’hui exposée au Louvre, commence réellement.
L’homme de lettres
François Ier est également connu comme homme de lettres. Il s’attache à agrandir la bibliothèque royale dont Il nomme intendant l’humaniste Guillaume Budé avec mission d’en accroître la collection. Pour faciliter la diffusion du savoir, il ouvre l’accès à sa bibliothèque.
Il relève en France les lettres et les beaux-arts, protège les savants, méritant par là le titre de Père des Lettres. Il fonde le Collège de France et l’Imprimerie royale.
Il compose quelques poésies, qui sont publiées ainsi que quelques-unes de ses Lettres
Le bâtisseur
François Ier est un bâtisseur acharné et dépense sans compter dans la construction de nouveaux bâtiments. Il poursuit le travail de ses prédécesseurs au château d’Amboise et restaure le château de Blois. Au début de son règne, il entame la construction du château de Chambord, fortement influencé par la renaissance italienne et la participation de Léonard de Vinci à l’élaboration des plans.
François reconstruit le Louvre, apportant une touche Renaissance à la sombre forteresse médiévale. François Ier finance la construction d’un nouvel Hôtel de Ville pour Paris dans le but d’influencer les choix architecturaux. Il construit le château de Madrid (aujourd’hui disparu) et reconstruit le château de Saint-Germain-en-Laye.
Le plus grand des projets de François Ier est l’agrandissement du château de Fontainebleau, qui devient rapidement son lieu de résidence favori. Chacun des ambitieux projets royaux bénéficie de somptueuses décorations tant extérieures qu’intérieures.
Politique extérieure
Sur le plan militaire et politique le règne de François Ier est moins brillant. Il a deux puissants rivaux, l’empereur allemand et roi d’Espagne Charles Quint et le roi Henri VIII d’Angleterre.
Les guerres d’Italie (1515-1526)
Il succède en 1515 à son cousin Louis XII, dont il avait épousé la fille, la duchesse Claude de France (qui a donné son nom à la prune Reine-claude). À peine sur le trône, il se met à la tête d’une armée pour faire valoir ses droits sur le duché de Milan en héritage de son arrière-grand-mère Valentine Visconti, duchesse de Milan .
Les Suisses, qui défendent l’entrée de ce territoire, sont taillés en pièces à la bataille de Marignan 1515, victoire immédiatement suivie de la conquête du duché de Milan. François Ier tire grande gloire de cette bataille, dont l’issue fut plus indécise qu’il n’y paraît. Il conclut le traité de Fribourg avec les Suisses, un traité de paix perpétuelle jamais trahi jusqu’à ce jour.
Il signe en 1516 avec le pape Léon X la paix de Viterbe et le concordat de Bologne, et en 1519, avec Charles Quint, le traité de Noyon, qui semble assurer la paix de l’Europe. Pourtant le danger pointe.
Charles Quint détient depuis 1506 les Pays-Bas bourguignons (actuel Benelux), la Franche-Comté et revendique le duché de Bourgogne qu’il tient par héritage de sa grand-mère la duchesse Marie de Bourgogne. Il hérite en 1516 de l’ensemble de la péninsule Ibérique et de ses possessions américaines par sa mère, la reine Jeanne Ière d’Espagne. Pour éviter qu’il ne détienne aussi l’Empire Germanique de son grand-père Maximilien Ier de Habsbourg, François Ier se porte candidat à l’élection de l’empereur, afin d’empêcher la formation d’un ensemble qui entourerait et emprisonnerait le royaume.
Malgré tout, en 1520, Charles Quint, déjà roi d’Espagne, hérite des États de son grand-père Maximilien Ier de Habsbourg et, fort du soutien financier considérable du puissant banquier Jacob Fugger qui achète les princes-électeurs, il est élu Empereur du Saint Empire Germanique. François Ier lui déclare aussitôt la guerre durant laquelle il n’éprouva que des revers : en 1521, le Chevalier Bayard défend Mézières assiégée par les troupes allemandes de Charles Quint[2] ; après la défaite d’Odet de Foix à la bataille de la Bicoque (1522), la retraite de Bonnivet, battu à la bataille de Biagrasso, et la perte du Chevalier Bayard, il est lui-même vaincu et fait prisonnier à l’issue de la bataille de Pavie (1525).
C’est sa défaite la plus terrible : les Français ont fait dans ce combat des "prodiges de valeur" ; le roi aurait écrit à sa mère : Tout est perdu, fors l’honneur.[3] Il est capturé par Charles Quint à cause de l’action du gentilhomme italien, César Hercolani de Forlì, qui fut nommé « le vainqueur de Pavie » et qui, par ironie du cas, était de la famille de la mère du confesseur de Louise de Savoie !
François Ier est retenu prisonnier une année à Madrid et est contraint de faire des concessions importantes en vue d’être libéré contre l’emprisonnement pendant quatre années de ses deux fils ainés, le Dauphin François de France et Henri de France (futur Henri II). Il ne recouvre sa liberté que par un traité onéreux signé à Madrid en 1526, par lequel il s’engage notamment à céder la Bourgogne, la Flandre et le duché de Milan à Charles Quint.
Cependant, à son retour en France, François prétexte que son accord fut obtenu sous la contrainte et le renie. Les enfants royaux sont libérés après une dure détention contre une importante rançon (2 millions d’écus d’or). Les Bourguignons refusèrent de se séparer de la France et la guerre recommence presque aussitôt.
L’Amérique du Nord
Le roi, en 1524, aide les marchands florentins installés à Lyon puis Jehan Ango, l’armateur dieppois, à financer l’expédition de Giovanni da Verrazano en Amérique du Nord ; lors de cette expédition, Verrazano cartographie Terre-Neuve, puis fonde la Nouvelle-Angoulême (la future Nouvelle-Amsterdam, plus connu sous le nom de New-York) en hommage à la famille du roi de France. En 1534, il envoie Jacques Cartier explorer le fleuve Saint-Laurent au Québec pour découvrir « certaines îles et pays où l’on dit qu’il se doit trouver grande quantité d’or et autres riches choses ». C’est le commencement de la Nouvelle-France.
Les relations avec l’Empire ottoman
François Ier s’allie avec les Ottomans de Soliman le Magnifique pour combattre son ennemi Charles Quint. Aucun traité d’alliance proprement dit n’est signé entre la France et les Ottomans, mais une coopération étroite permet aux deux puissances de combattre efficacement la flotte espagnole en Méditerranée. Soulignons que François Ier use d’un intermédiaire pour discuter avec le sultan : il s’agit d’un des premiers cas connus de l’usage de diplomates pour négocier et non transmettre un simple message. Celui-ci, par précaution, est quand même emprisonné pendant un an à Istanbul.
En 1535, la France devint la première puissance européenne à obtenir des privilèges commerciales en Turquie dites « les capitulations ». Celles-ci autorisèrent les navires français à naviguer librement dans les eaux ottomanes sous le pavillon fleurdelisé et chaque navire appartenant aux autres pays avait l’obligation de battre le pavillon français et demander la protection des consuls français pour commercer. Outre cela, la France obtint le droit de posséder une chapelle d’Ambassade à Istanbul dans le quartier Galata, chapelle qui devint par la suite l’actuel Lycée Saint-Benoît. Ces privilèges assurèrent aussi une certaine protection de la France sur les populations catholiques de l’Empire ottoman.
Les guerres d’Italie (1536-1544)
François Ier essuie de nouveaux revers : il perd la majeure partie de son armée devant Naples et conclut un second traité à Cambrai en 1529.
Le 7 août 1530, il épouse la sœur de Charles Quint, Éléonore de Habsbourg (1498-1558), veuve du Roi Emmanuel 1er de Portugal
Il entre de nouveau en Italie en 1535 : il conquiert le duché de Savoie du Duc de Savoie et Prince de Piémont Charles III de Savoie, tandis que Charles Quint envahit la Provence d’où il est repoussé par le Maréchal de France Anne de Montmorency. Le roi et l’empereur signent en 1538 une trêve de 10 ans à Nice qui ne sera pas respectée.
Charles Quint ayant refusé, malgré ses engagements, l’investiture du duché de Milan à un des fils du roi, une quatrième guerre éclate en 1542. Après divers succès, François Ier consent à une paix définitive en 1544. Le traité signé à Crépy assure le Milanais au duc d’Orléans, deuxième fils du roi.
Malgré ses revers, François Ier se distingue par un caractère noble et chevaleresque, qui le place fort au-dessus de son rival. Mais c’est un piètre stratège, incapable de tirer parti des innovations technologiques de son temps. À ce titre, la bataille de Marignan est remarquable. François 1er place son artillerie, pourtant l’une des plus performantes d’Europe, derrière sa cavalerie, la rendant ainsi inefficace.
Politique intérieure
Le jeune prince Henri forme à la cour de son père un parti d’opposition contre la maîtresse en titre, Anne de Pisseleu Le jeune prince Henri forme à la cour de son père un parti d’opposition contre la maîtresse en titre, Anne de Pisseleu
Alors que le roi érige en France de fabuleux châteaux, il déséquilibre sérieusement le budget du royaume. À la fin de son règne Louis XII s’inquiétait déjà d’un François très dispendieux. Le beau-père du roi avait laissé une France en bonne santé économique avec une monarchie au pouvoir renforcée sur le pouvoir des féodaux. François Ier continue de consolider l’emprise de la couronne sur le pays mais, en même temps, il détériore la situation économique du royaume.
Les favoris du roi
Le règne de François Ier voit un renforcement de l’autorité royale jetant les bases de l’absolutisme tel qu’il sera pratiqué plus tard par Louis XIV.
La cour que le roi rétablit à Paris, en édifiant le nouveau Louvre, est le véritable cœur du pouvoir : le roi apparaît de plus en plus comme la source unique de l’autorité, arbitrant en dernier ressort les initiatives de l’administration judiciaire et financière, choisissant et disgraciant ses favoris, ses ministres et ses conseillers. Au début de son règne, le roi maintiendra en faveur plusieurs serviteurs de son prédécesseur : La Palisse, La Trémoille, Odet de Foix. La mère du roi, Louise de Savoie aura une influence non négligeable sur les affaires du pays. Elle fera partie du conseil privé du roi et sera nommée par deux fois régente du royaume. Jusqu’en 1541, Anne de Montmorency, nommé premier gentilhomme de la chambre du roi, va connaître la faveur royale et une carrière éclatante.
La religion
Alors que les idées de la Réforme commencent à se répandre en France, François Ier garde initialement une attitude plutôt tolérante, sous l’influence de sa sœur Marguerite de Navarre, portée sur l’Evangelisme, sans rupture avec l’Église Catholique. Survient en octobre 1534 la malheureuse affaire des Placards, dans laquelle François Ier estimera l’autorité royale bafouée et qui en réaction déclencha le processus de persécution des Protestants et l’amorce des guerres de religion en France.
L’interprétation traditionnelle qui tend à démontrer que la répression aurait été déclenchée par François 1er en réaction à l’affaire des Placards ne tient pas dès qu’on considère le registre criminel du Parlement de Paris côté 72 : depuis le mois d’août jusqu’au 15 septembre 1534, soit deux mois avant cette affaire, le Roi diligente une commission afin de poursuivre les réformés sous la conduite de Bonaventure Thomassin, conseiller au parlement de Paris depuis 1521 et qui sera nommé en 1534, président du Parlement de Grenoble. L’action de cette commission initiée par des lettres patentes du Roi données à Arles le 19 septembre 1533, plus d’un an avant l’exécution, aboutira à plusieurs condamnations à mort et à diverses autres peines ; Le registre est malheureusement incomplet les vingt dernières feuilles ayant été arrachées (probablement à cause de l’implication de certains familiers de la Reine de Navarre, son aumônier Caroli et Michel d’Arande devenu précepteur du fils cadet du roi) ; le registre original a disparu, subsiste les extraits ; les lettres patentes ne sont mentionnées nulle part ailleurs. Et devinez où cette commission fut envoyée et procéda ... ? A Alençon, fief de la "bonne soeur du Roi", de sa "mignonne", Duchesse d’Alençon par son premier mariage. François 1er usurpe ainsi le pouvoir de la justice locale qu’il trouve trop molle à son goût.
La politique financière
Les constructions se révèlent être un gouffre financier alors que l’effort de guerre contre les Habsbourg mobilise des sommes énormes. Pour faire face à la situation, le roi augmente les taxes : la taille, impôt payé par les paysans, est plus que doublée, et la gabelle, l’impôt sur le sel, est triplée. François Ier utilise aussi de nouveaux moyens pour lever des fonds. Il se sépare de pierres précieuses appartenant à la couronne et aliène des territoires royaux qui lui apportent les fonds nécessaires au financement de sa politique.
Le roi innove en vendant les charges et offices pour obtenir des liquidités. Bien qu’il n’abuse pas de ce dernier moyen, c’est certainement le début d’un phénomène qui ira en s’amplifiant et affaiblira plus tard l’administration du pays malgré un pouvoir de plus en plus centralisé et efficace.
Le français comme langue officielle
Dans son château de Villers-Cotterêts dans l’Aisne, en 1539, François signe l’ordonnance de Villers-Cotterêts royale qui fait du français la langue officielle exclusive de l’administration et du droit en lieu et place du latin. Le même document impose aux prêtres d’enregistrer les naissances et de tenir à jour un registre des baptêmes. C’est le début officiel de l’état civil en France et les premiers enregistrements avec filiation au monde.
François Ier meurt d’une septicémie le 31 mars 1547 au Château de Rambouillet et est enterré avec sa première femme la duchesse de Bretagne Claude de France à la basilique Saint-Denis. Son deuxième fils Henri II lui succède.
Sa tombe fut profanée pendant la Révolution, en octobre 1793.
Mariages
* Le 18 mai 1514, il épouse Claude de France (1499-1524), fille du roi Louis XII et d’Anne de Bretagne. * Le 7 août 1530, il épouse en seconde noces Éléonore de Habsbourg (1498-1558) sœur de Charles Quint, veuve du roi Emmanuel 1er de Portugal et fille de Philippe 1er de Habsbourg et de la reine Jeanne Ie d’Espagne
Descendance
1. Louise (1515 - 1517). 2. Charlotte (1516 - 1524). 3. François (28 février 1518 - 10 août 1536) 1er Dauphin. 4. Henri II (31 mars 1519 - 10 juillet 1559). 5. Madeleine (10 août 1520 - 2 juillet 1537). Elle épouse Jacques V roi d’Écosse (1512-1542). 6. Charles (22 janvier 1522 - 9 septembre 1545). 7. Marguerite (5 juin 1523 - 14 septembre 1574). Elle épouse en 1559 Emmanuel-Philibert (1528-1580) duc de Savoie.
Descendance Illégitime :
1. Nicolas d’Estouteville, seigneur de Villecouvin.
Emblème
La salamandre, emblème de François Ier au château de Chambord La salamandre, emblème de François Ier au château de Chambord
La salamandre, emblème de François Ier, symbolise le pouvoir sur le feu, donc sur les hommes et sur le monde. La devise Nutrisco & extinguo (« Je m’en nourris et je l’éteins »), qui accompagne parfois cet emblème, prend tout son sens lorsqu’on se réfère au pouvoir sur le feu. On la retrouve sur énormément de plafonds et de murs du château de Chambord et sur les armes de la ville du Havre. Cet animal un peu magique est censé éteindre les mauvais feux et attiser les bons.