PORTER UN TOAST

01/02/2012 21:37

Trinquer à l’occasion d’un événement.

Boire à la santé de quelqu’un.
Se dit pour fêter un événement joyeux ou pour formuler un vœu ou un engagement.

Toast est issu d’une étymologie française et anglaise. En effet, le mot anglaistoast, qui désigne le pain grillé dès le XIVe siècle, est emprunté à l’ancien français tostée (n.f.), de toster (griller, rôtir); tostée, tranche de pain grillée qu’on mange en buvant un pot, étant elle-même tirée du latin tostus, participe passé du verbe torrere, “griller”.

Cependant, maintenant que nous connaissons l’étymologie du mot, nous sommes en droit de nous demander comment nous sommes passés du pain grillé au fait de lever son verre à un événement ou à une personne … Pour comprendre l’évolution de cette pratique, il faut effectuer un petit voyage dans le temps et dans les us et coutumes français et anglo-saxons.

En effet, c’est au Moyen-âge qu’est apparue la coutume de trinquer avant de boire. A cette époque cependant, ce n’était pas par esprit de fête, mais par méfiance qu’on entrechoquait les coupes qui se devaient d’ailleurs d’être solides (elles étaient en métal, en bois, en pierre…) : la crainte d’un empoisonnement alimentaire était si présente dans les esprits que c’était une marque de confiance de trinquer réciproquement avant de boire; le geste se faisait en deux temps: la première personne choquait sa coupe contre celle de son compagnon de table de manière à ce qu’un peu de son breuvage déborde dans le verre de son voisin, puis le second convive effectuait, en retour, la même manœuvre. Ce serait ce double cognement de coupes qui aurait donné naissance à l’onomatopée “tchin, tchin”.

Au XIe siècle, il était d’usage de mettre une tranche de pain grillé et épicé, la tostée, au fond d’une coupe de vin pour honorer une personne en particulier. La coupe faisait alors le tour de tous les convives qui en buvaient une gorgée et la dernière personne, celle qu’on célébrait, avait l’honneur de vider la coupe et de manger la tostée imbibée d’alcool. Ce serait ensuite, au XIIe siècle, que cette pratique aurait migrée en Angleterre, anglicisant le mot sous la forme de toast, avant de revenir en France bien plus tard, au XVIIIe siècle, sous la forme de l’expression “porter un toast”, alors que la coutume ancestrale avait disparue depuis longtemps. Effectivement, en 1745, le verbe intransitif toster puis toasterest employé pour “porter un toast”; le mot désigne donc en français le fait de lever son verre à la santé de quelqu’un, puis au XXe siècle, par métonymie, l’allocution prononcée à cette occasion. Alain Rey précise dans son dictionnaire historique que selon les étymologistes anglais, on aurait comparé la personne à la santé de laquelle on buvait, au pain grillé épicé que l’on trempait dans les boissons.